Un centenaire, celui de la révolution russe en 1917 qui donne lieu à un grand nombre de publications. Avec Octobre 17 on revient sur des évènements qui ne sont pas vraiment le fait du hasard et d’une rare complexité. On a beaucoup simplifié pour des raisons entre autres politiques une révolution qui a eu sa part de manipulations pour en arriver à la création d’un état communiste impitoyable en particulier sous Staline et qui s’écroulera tel un château de cartes en 1991. Patrick Rotman, scénariste et réalisateur, historien, et Benoît Blary au dessin (Legio Nostra) se sont lancés dans la chronologie de cette révolution qui a beaucoup d’un jeu de pistes. Il ne faut surtout pas en manquer un épisode sous peine d’être rapidement dépassé par l’action et ses chemins tortueux. Les deux auteurs ont cependant réussi à signer un récit homogène et dont les dessins appuient parfaitement le déroulé.
1905, Nicolas II règne sur 140 millions de Russes, sans partage. Le parti bolchévique s’oppose déjà au mencheviks. Les soviets ont été créés. Le 9 janvier 1905 l’armée tire sur le peuple et révolte les Russes contre le tsar. La révolution est en marche. Il lui faudra douze ans pour prendre définitivement le pouvoir. Lénine, Trotski sont déjà en première ligne. La guerre éclate en 1914 et la Russie est dans le camp allié, obligeant l’Allemagne à ouvrir un front à l’est. Dès lors elle va tout faire dont rapatrier Lénine en Russie pour avoir les mains libres et ramener ses troupes en France. Lénine arrive à Petrograd en avril 1917. La ligne du parti n’est pas celle de Lénine qui veut un gouvernement révolutionnaire et mettre en terme à la guerre ce qui n’est le choix de Staline qui veut la continuer. Un gouvernement de coalition est en place, bourgeois pour les révolutionnaires. Trotski rencontre Lénine. Les marins rejoignent les ouvriers. Il faut une seconde révolution.
Il n’y a pas de hasard. Dans une misère extrême, la rue est reine, comme aurait pu le dire Mélenchon qui a « oublié » cette révolution dans son récent discours tout en y ajoutant le régime nazi, stupidité sans nom alors que ce sont eux au contraire qui se sont servis de la rue pour accéder au pouvoir. A Petrograd, la rue va peser mais Lénine saura tirer les marrons du feu. Trotski aurait voulu un prise de pouvoir pacifique. Tout va finir, ou commencer par la prise du palais d’été, la chute du gouvernement Kerenski. Trotski est à la manœuvre. Staline qui va prendre le pouvoir à la mort précoce de Lénine le fera assassiner en 1940. Le communisme international laissera une trace sanglante pour disparaître peu à peu et abandonner quelques partis frères moribonds qui auront été longtemps aux ordres. Ce n’est pas ce dont aurait rêvé Marx. Rotman et Blary racontent l’Histoire et seulement elle. Un ouvrage qui fera référence.
Octobre 17, Seuil Delcourt, 19,99 €
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