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La Ballade du soldat Odawaa, 14-18 dans la lunette d’un sniper indien

Un retour vers les tranchées de 14, les champs de batailles dévastés parsemés de cadavres, Cédric Apikian au scénario et le grand Christian Rossi au dessin (il nous avait annoncé l’album à Angoulême en 2018) signent un album qui fera date. Apikian a bâti son récit autour des soldats amérindiens enrôlés dans l’armée canadienne, des tireurs d’élite le plus souvent, des chasseurs habitués à la traque, imprévisibles et imparables. Le Soldat Odawaa, nom de code Tomahawk, est le meilleur de tous, la terreur des Allemands. Mais qui est-il vraiment ? D’où vient-il ? C’est son chef le capitaine Keating qui a les réponses. Un bouquin de guerre, une reconstitution minutieuse sans être une biographie, un récit qui traite de grande Histoire dans une fiction qui ne ménage pas ses rebondissements et sa part de romanesque psychologique.

Il est doué Odawaa, capable de tromper les meilleurs tireurs allemands, de les abattre les uns après les autres, de les piéger. Il accumule les faits d’arme sur le front au sein de l’armée canadienne. Sa réputation est connue chez les Français qui demandent à son chef, le capitaine Keating, de le mettre avec les autres snipers indiens sur les traces d’un commando allemand de pillards sanguinaires commandés par un certain Von Schaffner. Sauf que Schaffner est mort, tué par Odawaa qui a ramené sa plaque individuelle. Devenu un élément important pour le moral des troupes alliées, Odawaa avec ses frères, devra se lancer sur la piste des pillards usurpateurs alors même que deux déserteurs français sont à la recherche d’un objet mythique de grande valeur.

Akipian s’est inspiré, il le dit dans son interview que va publier ligneclaire, du vrai parcours de Francis « Peggy » Pegahmagabow, héros canadien aux 300 cibles atteintes. Mais si il a voulu rendre hommage à ses soldats de l’ombre, il a su, en bon réalisateur de cinéma, ménager ses effets, embarquer ses lecteurs-spectateurs vers d’autres pistes qui se découvrent au fil de l’album. La tension, la violence sont permanentes. L’émotion aussi dans cette somme au léger goût parfois de western (le duel final) mais aussi de rendez-vous incontournable avec la triste réalité de ce qu’a été la guerre de 14. Le dessin de Rossi est écrasant de réalisme, de puissance. Un beau dessin même si c’est toujours celui de la mort et de l’horreur. On y ajoute la qualité des couleurs signées par Walter. Et le tout fait un album hors du commun à découvrir absolument.

La Ballade du soldat Odawaa, Casterman, 19 €

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