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La Ferme des animaux, Orwell contre le totalitarisme

Orwell avant 1984 paru en 1949, c’était en 1945 avec La Ferme des animaux, qui vient de sortir en BD adapté par Rodolphe et Patrice Le Sourd. On était au lendemain de la guerre et il est évident que cette fable fermière, comme par exemple Calvo avec La Bête est morte, s’en inspire directement, totalitarisme, nazisme, fascisme meurtriers, dévastateurs obligent. Avec aussi dans le collimateur Staline et la révolution russe alors que commence la Guerre Froide. On avait aussi évoqué avec Xavier Dorison pour son Château des animaux combien il avait été marqué par Orwell. La Ferme est un best-seller, un des meilleurs romans en langue anglaise. Orwell y excelle pour finalement démontrer la faiblesse humaine à travers espoirs déçus, manipulations, majorité écrasée par une minorité qui l’exploite. Mais la Révolution a aussi ses tyrans et ses collabos. Jungle avait aussi publié une adaptation du roman en BD.

Un fermier des plus classiques avec poules, vaches, veaux, cochons et chevaux de trait ne se doute pas que la révolte gronde dans l’étable. Le Major, dodu porc, est le leader des animaux. Il a rêvé qu’ils chassaient l’homme, qu’ils prenaient le pouvoir pour ne plus être exploités. L’homme c’est l’ennemi et seul il ne peut rien. Et le Major a même écrit l’hymne de la révolte pour chasser les tyrans. Mais le Major meurt de mort naturelle, enfin presque. Son dauphin Léon, autre porc revendicatif, plus politique, prend le relais. Et un jour où le fermier oublie de nourrir les animaux, la coupe est pleine. A coups de sabots, de becs, de griffes, l’homme est chassé de la ferme. La liberté est là; On édicte des règles bienveillantes dans cette ferme des animaux, ex-ferme du Manoir. Les cochons prennent les choses en main, donnent ordres et consignes tout en gardant le meilleur, créant des commissions.

Un fascisme peut-il en chasser un autre ? Où s’arrête la liberté acquise par une lutte qui est récupérée par ses leaders, à la russe en 1917 ? Où commence aussi la collaboration, l’élimination des gêneurs et l’apparition de faux héros pseudo résistants ? Tout est dit par Orwell et Rodolphe appuie sur les points qui font mal tout en montrant une vérité encore d’actualité si on cherche bien. Quel est le vrai visage de la démocratie ? Des intérêts divergents peuvent-ils se rejoindre entre deux élites dissemblables au détriment des plus faibles et des exploités ? Vaste débat que Le Sourd a bien mis en images montrant différences et excès d’un trait vif. L’égalité pour tous mais plus pour certains que pour d’autres? Un album de qualité et en plus à méditer.

La Ferme des animaux, Delcourt, 10,95 €

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