Un village sur la côte rocheuse, des faux feux de balise et le navire est pris au piège des Naufrageurs. On est au XVIIIe siècle en Angleterre. Le procédé, piège meurtrier serait imparable mais souvent en fait concernait le seul pillage de navires déjà échoués. L’acte volontaire de le faire se briser sur les rochers est plus un mythe qu’une réalité parfois décrite dans des romans célèbres adaptés à l’écran comme L’Auberge de la Jamaïque ou Le Phare du bout du monde de Verne. Reste que Rodolphe, avec tout le talent créatif qu’on lui connait en a fait une aventure dramatique, sanglante, un polar maritime qui aura ses victimes et ses héros, quelques pirates à la clé sur le dessin de Laurent Gnoni (Radcliff) parfait pour le sujet.
A Greenway en 1704, la population complice vit des naufrages qu’elle provoque, pille ensuite les épaves et si besoin fait disparaître les témoins. Jim a 14 ans et va être initié par le châtelain, le Squire. On allume les feux copiés sur ceux du port de Weymouth. Un navire met le cap sur ces faux repères. Mais les naufrageurs s’aperçoivent que c’est le Meredith, un trois-mâts dont ils connaissent tous le capitaine et l’équipage. Trop tard pour arrêter le mécanisme. L’épave est échoué mais il y a des survivants qui pourraient parler et reconnaître les naufrageurs. Massacre, et le singe du capitaine qui s’échappe, une bague superbe récupérée sur le corps d’un homme richement vécu. Jim est horrifié car sa famille est complice. Il fait un cauchemar où apparait le Meredith, et le Hollandais volant, ses fantômes. La seule à qui il peut se confier est la belle Jenny fille du Squire qui est aveugle. Mais le naufrage du Meredith ne va pas rester sans suite car les autorités s’en mêlent. Il va falloir faire des sacrifices.
Il fallait bien qu’il y ait si l’on peut dire anguille sous roche. Une enquête, la bague, un passager qui cache un mystère, Rodolphe fait monter la pression dans ce one-shot aux multiples rebondissements et aux personnages taillés à la serpe. Abordages, trésor ? Rodolphe a repris tous les ingrédients du genre, fantastique compris. Et le mélange fonctionne bien.
Naufrageurs, Éditions Maghen, 16,50 €
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