Expositions

Angoulême 2023, une exposition très rock’n roll

A fond le rock, la pop, la musique dans tous ses états et ses liens avec la BD. Le Festival d’Angoulême épisode 2023 monte le son avec une exposition du 25 janvier au 31 décembre qui va explorer les liens entres notes et cases. Elle a lieu à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême et les commissaires en sont Vincent Brunner journaliste musique et écrivain, auteur de Rock Strips, Clémentine Deroudille auteure, commissaire indépendante, réalisatrice, scénographe aux côtés de Perrine Villemur et Nicolas Hubert. On se souvient quand même aussi en 2011 de l’expo rock antédiluvien avec Baru président.

Ce sera la toute première exposition qui explorera les relations entre musique pop, rock et bande dessinée. Rock ! Pop ! Wizz ! Quand la BD monte le son proposera une véritable plongée dans ces deux univers pour montrer le dialogue permanent entre ces deux arts, leur connivence et comment ils se nourrissent l’un et l’autre depuis plus d’un demi-siècle. Cette exposition rassemblera plus de cinquante dessinateurs français et internationaux, des centaines de planches originales, parfois inédites, des dizaines de pochettes de disques, mais aussi des créations in situ. L’exposition présentera également des archives audiovisuelles de l’INA, une sélection de clips, une playlist idéale et un dance floor : la Cité de la BD va se transformer pendant plus de dix mois en une grande salle de concert où la musique fera trembler les murs . Dans le cadre de l’exposition, la Cité de la Bande Dessinée et de l’Image a demandé à 9 auteur.e.s – Coco, Florence Dupré La Tour, Lisa Chetteau, Louison, Typex, Ludovic Debeurme, Hamid Suleiman, Terreur Graphique et Olivier Balez – de faire danser neuf stars de la pop et du rock – Michael Jackson, Beyonce, Lou Reed, Alpha Blondie, Iggy Pop, Grace Jones, Patti Smith, David Bowie, Donna Summer et Amy Winehouse – grâce à une série de vidéos animées composée d’une vingtaine de crayonnés chacune. Ces vidéos seront projetées sur les murs d’une rotonde transformée en véritable piste de danse invitant les visiteurs à se déhancher sur une bande son Rock ! Pop ! Wizz !

Dès les années 1960, avec la naissance du rock, une connexion s’établit entre des jeunes gens issus de la culture populaire et de la contre culture. Aux États-Unis d’abord, l’apparition de fanzines, tel que Zap Comix, Yellow Dog, et la conception par Robert Crumb de la pochette de Cheap Thrills, pour Big Brother and the Holding Company – le groupe de Janis Joplin – concrétisent cette convergence d’intérêts. En Europe et particulièrement en France, l’influence conjuguée des comix underground américains et du rock’n’roll se fait sentir au début des années 70 dans les pages de Pilote avec Gotlib et Solé. En parallèle, la pochette de disque devient un espace récurrent de rencontre artistique entre artistes des deux univers. En 1975, le magazine Métal Hurlant décolle avec une thématique science-fiction avant de prendre un virage rock sous l’impulsion de Philippe Manœuvre. C’est dans les pages de ce journal qu’explose la « BD Rock » avec Philippe Druillet mais aussi de nouveaux auteurs : Serge Clerc met en images des chansons des Rolling Stones, des Doors ou du Velvet Underground. Frank Margerin fait du rocker Lucien un des personnages phares du journal, Dodo & Ben Radis s’amuse avec le groupe fictif les Closh, Tramber et Jano mettent en scène le loubard Kebra. En Angleterre et aux États-Unis, c’est à travers le fanzine et les détournements conceptuels que des artistes comme Jamie Reid ou John Holmstrom utilisent le bande dessinée pour illustrer la vague punk.

Dans les années 1980, les rôles s’inversent : des chanteurs s’expriment en dessinant et en jouant, comme Kent, Elli Medeiros ou Cleet Boris. La culture de masse s’empare aussi du sujet dans des émissions de télé comme L’Impeccable ou Sex Machine et à travers les comic books Marvel autour des Beatles ou de Kiss. Dans les fanzines également, BD et rock’n’roll consolident leurs liens et prônent un style de vie alternatif. À partir des années 1990, la musique est un thème majeur dans l’univers de la bande dessinée avec des auteurs tels que Joe Sacco, Jean-Christophe Menu, Charles Berberian, Luz, Alfred, Nine Antico, Philippe Dupuy, Magali le Huche. Plus tard, les nouveaux genres musicaux sont abordés en bande dessinée, que ce soit l’électro (Le Chant de la Machine par David Blot & Mathias Cousin) ou le rap (Hip-Hop Family Tree par Ed Piskor). Au Japon, les auteurs de mangas tels que Harold Sakuishi ou Inio Asano mettent en scène des apprenti-rockers. L’histoire du rock, elle, ne cesse d’être revisitée sous l’angle biographique, documentaire ou semi-fictionnelle avec Hervé Bourhis, Nine Antico, Derf Backderf, Philippe Girard ou Reinhart Kleist. Aujourd’hui encore, certaines icônes sont sans cesse dessinées, racontées, réinventées comme David Bowie, les Beatles et Elvis Presley.

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