Le retour du fils Gabory dans sa ville natale délie les langues. Il est parti après un tragique accident de la route. On l’appelait le placard le gamin, où il se planquait quand sa mère faisait une crise. Tous ont leur avis, leur idée, propage rumeurs et certitudes sur sa possible culpabilité. Ou pas. De case en case, la sauce monte et va prendre un sale tour. Un vrai défi graphique. Dans Tu sais ce qu’on raconte, Daniel Casanave et Gilles Rochier, qui est en dédicace à la Comédie du Livre à Montpellier stand Sauramps les 20 et 21 mai, déroule le fil d’une histoire qui va mal tourner. Subtil et brillant.
Gabory est de retour. On s’en serait bien passé. Qu’est ce qu’il vient faire ce type qui a eu une enfance pourrie, des parents jobards. Peu à peu, Gabory prend corps. Du boulanger, au patron de bistrot, au maire, au garagiste, en passant par ses copains et le médecin qui lui sait tout mais ne dit rien, chacun a son idée. Et c’est pas pour dire mais il faut l’entendre pour la croire l’histoire Gabory. Sauf qu’en fouillant un peu on commence à comprendre que le Gabory il en gène certains. Et non des moindres. Un accident de la route, une fille qui meurt, qui conduisait le véhicule ? Pas net tout ça. Elle le dit la coiffeuse et si Gabory était revenu se venger ? Que fait la police ? Des fois on se demande, ma pauvre dame.
Tout va vite en fait. Une progression qui saute d’un soit-disant témoin à l’autre. Du vrai, du faux, du fantasmé, une chronique sociale qui ferait couper la tête à n’importe quel innocent. La construction narrative est à la fois visuelle, flashée, intellectuelle car on sent bien que Rochier et Casanave appuient là où ça fait mal. On pourrait tous être dans ce bouquin. Cette fois on est l’œil qui regarde dans la tombe. Casanave assure le rendu des textes très écrits, ciselés et spontanés de Rochier. Il faut aller le rencontrer à la Comédie.
Tu sais ce qu’on raconte, Éditions Warum, 15 €
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