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Reporter, bloody sunday, le combat contre la ségrégation aux USA dans les années soixante

On oublie parfois les grands moments de l’Histoire. L’actualité va tellement vite qu’une info en chasse un autre, course effrénée au sensationnel, à l’immédiat qui disparait tout aussi vite qu’il est apparu. Avec la collection Reporter on va replonger au cœur de ces évènements qui ont fait le siècle. Pour le premier tome c’est à Selma, en 1965, que nous emmène Renaud Garreta et Laurent Granier sur un dessin de Gontran Toussaint. Malcom X, Martin Luther King, Bob Kennedy (ils seront tous les trois assassinés), la ségrégation raciale est toujours aussi puissante en 1965 dans le sud des USA dont l’Alabama. Jusqu’à la marche de Selma, une avancée certaine avec d’autres marches, mais qui aujourd’hui, dans l’Amérique de Trump ou des dérapages policiers prend un relief d’autant plus fort.

Jeune journaliste, comblé par le sort et une bourriche d’huitres avariées, Yann Koad part pour son journal en reportage aux États-Unis couvrir le combat des Noirs pour leurs droits civiques. On est en janvier 1965 et dans certains états le droit de vote est bafoué pour la population de couleur. Novice mais doué, Yann se retrouve à New-York où il rejoint un vieux routier, le photographe Roberto Cagliari qui traine ses guêtres d’un conflit à l’autre depuis trente ans. Le duo prend la route de Selma où doit se tenir une marche mais dans un bar des membres du Ku Klux Klan les agressent. Mis en prison par un shériff complice ils sont libérés par un agent du FBI qui les met au courant de la situation. Dès lors, Yann qui en parallèle recherche son père d’origine américaine comprend que rien ne va être simple. Une marche à Marion dégénère et Cagliari est blessé. Yann va continuer seul son enquête et assister à l’assassinat de Malcom X.

Pas évident de bâtir un récit clair sur des évènements aussi non seulement complexes mais lointains. Pourtant, en se plongeant dans l’album à la suite du jeune journaliste, on retrouve ses marques ou on les découvre pour les plus jeunes. Certaines pages sont en effet très riches en textes mais c’est nécessaire pour, à travers la partie romancée, avoir une vision objective et précise de ce qui a révolutionné l’Amérique dans les années soixante, au moment même où elle faisait face aussi à la guerre du Vietnam et à son escalade. Tous les évènements dont le meurtre de Viola Liuzzo à Montgomery, l’infiltration des mouvements par le FBI, encore que le rôle de Hoover soit très ambigu, ou l’action du président Johnson sont vrais. Ce retour en arrière est encore une fois d’autant plus bienvenu que le problème malgré un président noir, n’est pas toujours pas réglé sur d’autres plans. Le dessin a un petit côté Blanc-Dumont. Prochain sujet de Reporter, Les derniers jours du Che, Che Guevara bien sûr. Une collection intelligente.

Reporter, Tome 1, Alabama 1965, Bloody Sunday, Éditions Dargaud, 14,99 €

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