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Le Regard d’un père, l’urgence de la vie

Des pages où l’émotion, la tendresse, la pudeur aussi se mélangent pour un voyage singulier mais si vrai dans un univers partagé par tous. Quel père a-t-on eu ? Quels pères sommes nous ? Quels liens entre parents, enfants, petits-enfants ? Comment les sublimer, exprimer, partager un amour parfois dissimulé, inavoué, puissant, pour ne pas avoir de regrets, de ne pas avoir pu, su dire je t’aime quand on le pouvait. Laurent Bonneau signe plus qu’un album avec Le Regard d’un père. On parlera d’introspection alors qu’en fait c’est avant tout une leçon de vie au sens propre du terme que cet artiste à large spectre, à la palette si riche, propose, offre aussi bien en textes qu’en illustrations, tableaux, teintes et ambiances. Un transfert que la paternité, la famille, le bonheur, la tristesse aussi, la souffrance. Laurent Bonneau atteint un niveau de partage, une qualité de création qui font de ce regard unique tellement authentique son plus bel album.

Paysages que la mémoire a enregistré pendant une jeunesse sereine, la chaine de la vie passe par les parents que nous allons devenir, puis nos enfants qui, à leur tour le seront. Alors c’est la renaissance, la vie a vaincu. Comment rendre hommage à un père de son vivant ? Faut-il attendre l’absence ? Erreur à surtout ne pas commettre. A qui cet hommage ? Au père où à celui que l’on est devenu, amalgame viscéral, reconnaissance en prime, sur un même pied d’égalité. Devenir parent, c’est se regarder dans un miroir, vouloir laisser une trace aussi à cet enfant qui est désormais le témoignage du passage de témoin. Mère, père, enfant, le temps épure mais manque car il passe très vite. On ne rend pas hommage à ses parents par devoir mais par gratitude.

Tout est juste dans le propos de Laurent Bonneau et si bien mis en exergue, décrit, dit. Comme il le précise, on lit ses lignes avec sa propre histoire qui pourrait bien sur le fond recouper le sienne. Y’aurait-il une pensée commune, un souci partagé ? Impossible de ne pas s’immiscer personnellement dans le voyage initiatique de l’auteur, avec ses balises, ses non-dits, ses remords et ses attentes. Fait-il une sorte de thérapie, de recherche intime avant de devenir un jour une somme de souvenirs ? Sûrement. Le résultat est là, dans son dessin, dans les mots qui soulignent le trait, justes et profonds. Un bonheur à partager absolument.

Le Regard d’un père, Des Ronds dans l’O, 22 €

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