Prendre un taxi c’est bien souvent découvrir un monde, avoir une prise directe sur une ville, un pays. Un taxi c’est le reflet souvent de femmes et d’hommes qui passent leurs journées certes à conduire mais aussi à côtoyer des gens les plus divers, nous, à les écouter, ou pas, répondre ou pas, parler ou pas. Aimée de Jongh qui a séduit avec Jours de sable, livre cette fois une expérience très personnelle, ses rencontres fortuites avec plusieurs de ces chauffeurs et dans des pays différents, France, USA ou Thaïlande. Le résultat est surprenant, le récit se tient et dégage en fait une image assez touchante de ces face à dos éphémères.
2014, Los Angeles, de la banquette arrière Aimée part pour Lax, l’aéroport de Los Angeles. RT raconte sa vie en mal de confidences à son chauffeur qui ne desserre pas les lèvres. A Paris en 2018 sous la pluie ce sera beaucoup plus convivial , embouteillages en cadeau. A Jakarta en 2007 elle revient dans son pays d’origine et en 2017 ce sera à Washington où le driver sera plus chaleureux. Toutes ces courses se coupent, se croisent et Aimée tente de communiquer avec ces témoins qui sillonnent sans cesse des territoires souvent inconnus pour leurs passagers.
Aimée de Jongh a le sens de la narration, on le savait. L’idée de ce taxi driver revisité était séduisante, le résultat aussi car sans à priori. Des micro-reportages où l’autrice mine de rien tente d’en savoir plus avec des résultats très différents d’un chauffeur à l’autre. Prendre un taxi à New-York, à Kuala Lumpur, Tel Aviv ou Berlin, rien à voir. Des mondes qui se mettent en scène comme le montre Aimée, des gens comme nous avec leurs problèmes ou leurs joies qui nous supportent parfois. Les portraits sont simples, sans caricature et le tout forme un tableau, un petit théâtre finalement bienveillant et rassurant.
Taxi ! Récits depuis la banquette arrière, La Boîte à bulles, 18 €
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