Avec Bonjour Tristesse, Françoise Sagan est entrée à 18 ans au Panthéon de la littérature française. Non sans mal mais le succès était au rendez-vous pour cette jeune auteure qui saura le conserver avec la plupart de ces autres romans. Un roman court et une adaptation en BD après celle bien connue sur grand écran avec Jean Seberg et David Niven par Otto Preminger. Jusqu’au dessin de Frédéric Rébéna, Cécile, héroïne du roman avait le visage de Seberg. Pour plusieurs générations de lecteurs depuis 1954, Bonjour Tristesse est un roman culte que le personnage même de Sagan au fil des ans renforçait par sa légèreté anxieuse, parlant à cent à l’heure sur le plateau d’Apostrophes en faisant face crânement au monde très fermé de la littérature qui ne l’avait jamais complètement admise. Adapter Bonjour Tristesse en BD est une gageure, un défi, une aventure de tous les dangers que pourtant Rébéna a osé et réussi car il y apporte sa propre liberté. On n’est pas dans la copie conforme d’un texte en l’illustrant mais dans une création volontaire, romanesque, jamais désinvolte, toujours imaginative, infidèle aussi comme le dit Frédéric Beigbeder dans sa préface. Cécile a toujours les cheveux courts mais a rattrapé son siècle et sa jeunesse. J-L. TRUC
Une villa superbe, un paysage méditerranéen de rêve, Cécile a 17 ans. Elle est en vacances avec son père et sa jeune compagne Elsa. Amour passion sous l’œil critique de Cécile complice d’un père devenu veuf qui ne jure que par elle. Chat sauvage Cécile qui pourtant rencontre Cyril, étudiant en droit. Cécile est séduite par les quadragénaires, images du père. Pourtant Cyril trouve grâce à ses yeux. Calme estival, trop tranquille ces vacances. Quand arrive Anne, amie du père et créatrice de mode, qui a connu son épouse. Finis les jours heureux, les hostilités sont ouvertes, il y a danger. Cécile lance ses pions, Elsa en tête et attend la suite.
La tristesse à l’état pur, volontaire. On peut se laisser mener par le dessin et l’écriture de Rébéna (Mitterrand un jeune homme de droite). Cécile ou Sagan on écrit des pages qui vont détruire Anne. Sans pitié, quelques remords peut-être mais la comédie de la vie reprendra ses droits. Cécile et son père (qui ressemble à Maurice Ronet dans La Piscine) sont inséparables. On est sous le soleil de plomb de la Méditerranée. Rébéna l’a inclus dans ses pages. On le sent. Cruauté de Cécile, des mots qui sont autant de flèches mortelles vers Anne qui est un danger qu’elle ne peut supporter, capable de lui enlever son père. Si il y a un compliment à faire à Rébéna c’est de constater la force de son travail et l’envie qu’il donne de relire Sagan, de Bonjour tristesse à La Chamade ou Des bleues à l’âme. Et de se souvenir de cette charmante et gentille éternelle jeune fée de la littérature française.
Bonjour tristesse, Rue de Sèvres, 18 €
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