L’exode, celle de juin 1940, pendant laquelle des millions de Français fuient vers le sud devant l’avance allemande et sous les bombes des Stukas. L’armée française en fait autant, mal équipée, mal commandée et écrasée par un ennemi trop puissant pour elle. Dans La Déconfiture, Pascal Rabaté suit la piste de l’un de ces soldats pris au piège sur une route de France, coupé de son unité. Videgrain va en voir de toutes les couleurs sous le trait plus réaliste désormais de Rabaté, créateur de l’incontournable Ibicus et dont on apprécie ce retour en force et en talent après l’excellent Vive la Marée en 2015. La Déconfiture est en deux albums.
De la drôle de guerre au stalag, c’est en résumé l’histoire connue que vit Videgrain et jonchée de cadavres. Pascal Rabaté ne fait pas dans le sensationnel. Sa chronique de la débâcle est juste et vraie. Des vaches qu’il faut traire aux civils qui menacent ou aux soldats qui s’en foutent, il n’y a plus de repères et la France est à ramasser à la cuillère. Au moins provisoirement. Les camps de prisonniers vont se remplir et le Maréchal débouler. Ce premier tome est sans faille, d’une lucidité et d’un trait rare, sans charge inutile mais si vivant. La narration est linéaire sous le soleil que l’on sent éclatant de juin 40. Et pourtant la vie continue comme elle peut.
La Déconfiture, Tome 1, Futuropolis, 19 €
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