La beauté doit se suffire à elle-même, sans étiquette. Andrei Puică s’envole avec ses Oiseaux Lumineux, un voyage dans un monde dont le roi est Violanzo qui en redécouvre sa vision. Graphiquement et narrativement étonnant, captivant, ce premier album de l’auteur roumain (l’album est inédit dans son pays) va interpeller évidemment car singulier, très personnel et hors normes. Une poésie fantastique, fantasque, sublimée par le trait, le découpage et les couleurs choisies, une violence sociale aussi, politique et pourquoi pas religieuse, un choix de liberté, tout dans ses Oiseaux lumineux peut toucher et faire réagir. Un album qui sort avec talent des sentiers battus, à lire absolument et à défendre, à faire partager que Les Aventuriers de l’Étrange ont eu l’excellente idée de publier en France.
Un homme dont le visage est enfermé dans une cage s’interroge. Le doute, de lui, de ses actions passées, de son choix. Violanzo revient en arrière, dans une cité qui flotte dans les cieux, où un virus s’est répandu dans la population créant un sorte de sélection. Un seul arbre vit encore et les envahisseurs à la tête en cage imposent leur loi. Les spectres ont un terrible rituel pour les humains. Et c’est Violanzo qui le dirige. La cage ou le gouffre ? Devenir un spectre et de toute façon perdre son âme, son oiseau lumineux qui devient un carburant pour le sanctuaire.
Beaucoup de symboles dans cette aventure, la cage, la tête prise par une idéologie, l’âme. Une parabole en fait où l’enfer est bâti sur de visions de haine, d’un héros sans cage. Que Andrei Puică soit roumain explique peut-être le ton, les angoisses, le poids du passé, la résistance. Le dessin est superbe, riche, bourré de détails, élancé pour cet envol que l’auteur a assumé en totalité sur fond d’inspiration Art Déco, de Mucha. Un auteur à suivre.
Les Oiseaux lumineux, Les Aventuriers de l’Étrange, 16 €
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