La mort de Malik Oussekine reste comme une tâche indélébile dans l’histoire de la police parisienne. En 1986, les étudiants sont dans la rue pour combattre la loi Devaquet qui veut instaurer une sélection à l’inscription en université. Après l’évacuation de la Sorbonne, une manifestation a lieu le 6 décembre 1986 réprimée entre autres par des équipes de motards voltigeurs de la police. Matraqué, Malik Oussekine est poursuivi dans le hall d’un immeuble et frappé avec une violence folle. Il meurt et commence alors l’affaire Oussekine que Jeanne Puchol au dessin et Laurent-Frédéric Bollée reprennent dans Contrecoups, un récit précis et toutefois romancé au moins quant aux à-côtés. Des faits, encore des faits pourtant. Chacun pourra se replonger dans cet épisode qui a fait frémir la République et dont on se souvient toujours.
Il était étudiant, Français, et sans histoires. Son destin va basculer le 6 décembre 86. Il sort d’un club de jazz et tombe sur une moto des voltigeurs de la police chargé de disperser d’éventuels casseurs. Les deux policiers poursuivent le jeune homme déjà touché dans le hall d’un immeuble et devant un témoin le bourre de coup alors qu’il est au sol. Le SAMU ne pourra pas le ranimer. Comme Bollée le montre, c’est désormais l’état qui met en marche la machine à discréditer. Qualifié d’étudiant libanais, après une autopsie pour le moins dirigée, Malik Oussekine ne doit pas gêner le pouvoir, de Chirac à Pandraud et Pasqua, duo dont la réputation n’était plus à faire. On assiste à la valse des témoins directs ou indirects, à l’ajout d’un part inévitable de romance et des personnages qui s’inscrivent plus ou moins dans l’histoire.
C’est bien qu’on revienne sur l’affaire Oussekine à un moment, trente après, où la jeunesse est de nouveau dans la rue. Comment Oussekine qui aurait cinquante ans aujourd’hui jugerait-il, comprendrait-il leur mouvement ou Nuit debout ? ? Que dire des ces policiers voltigeurs qui ont été sanctionnés (mise à la retraite et mutation) car on ne pouvait totalement étouffer l’affaire ? On a vu dernièrement un jeune lycéen assommé en direct mais qu’elle tension ressente ces hommes des forces de l’ordre que la foule applaudissait en novembre dernier ? Rien n’est simple raison pour laquelle Bollée et Jeanne Puchol n’apporte aucun commentaire si ce n’est une préface qui remet les choses en place et rend hommage à un innocent. Le souvenir de Malik Oussekine méritait ce rappel intelligent.
Contrecoups, Casterman, 18,95 €
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