Patrick Prugne était le président de l’édition 2014 du festival de Sérignan dans l’Hérault dont il a signé l’affiche. On voit rarement Patrick Prugne dans la région. Descendu de Clermont-Ferrand, ce très sympathique et talentueux Auvergnat a répondu aux questions de ligneclaire sur sa carrière et son choix des grands espaces canadiens, cadre des aventures de ses héros. Recueilli par JL. TRUC.
Patrick Prugne, vous voir à Sérignan n’est pas banal. Vous avez consacré vos albums à la confrontation ou aux alliances entre colons futurs Américains, francophones ou pas, et tribus indiennes qui vont choisir des camps différents ?
J’ai hésité à venir dans un premier temps mais je l’aurai vraiment regretté. Ce festival est très agréable et a réuni un beau plateau d’auteurs. Pour ce qui est de mes sources d’inspirations, j’ai toujours aimé cette période, celle de Blek le Roc que je lisais enfant ou Oumpah Pah d’Uderzo et Goscinny , des livres comme Le Dernier des Mohicans, des histoires de trappeurs.
On est au XVIIIe siècle, dans ce nouveau monde où s’affrontent les puissances coloniales anglaises et françaises. Mais c’est un monde où tout est possible. Imaginez un colon qui débarque de La Rochelle dans ces nouvelles colonies, dans un fortin encerclé d’Indiens ?
Rappelez-nous quelles étaient ces tribus que l’on retrouve dans vos albums Canoë Bay, French Man et Pawnee. Vous avec totalement maîtrisé l’aquarelle sur votre dessin. On pense à Pratt parfois.
C’est une vraie rencontre, celle de deux peuples qui vivent sur deux planètes différentes. La France est alliée aux Algonquins, aux Hurons, et les Anglais aux Iroquois. Ils seront les uns et les autres victimes de la colonisation. L’ennui c’est qu’il n’y pas vraiment de documentation bien sûr ou alors totalement décalée avec des palmiers et des zèbres en toile de fond. Peu de gravures, cela ne viendra que plus tard vers 1820 même si il y a eu des expéditions sous Louis XIV. Merci pour le compliment. Je lis Pratt régulièrement comme aussi Guarnido ou Jarbinet (Airborne 44) dont j’apprécie le dessin.
Vous êtes édité chez Daniel Maghen.
Oui car il fait un très bon travail d’éditeur avec une diffusion de qualité tout en ayant une galerie à Paris. Je scénarise mes albums désormais. J’avais envie de raconter des histoires puis de passer au dessin. French Man m’a été inspiré par la vie d’un trappeur, Toussaint Charbonneau, qui était né au Canada. Tiburce Oger a écrit le scénario de Canoë Bay, j’avais vu chez lui des esquisses et je me suis lancé sur cet album.
Vous allez continuer dans le même contexte historique ?
Non, je vais faire une parenthèse. Je travaille sur un one-shot dont j’ai déjà réalisé trente planches. On sera dans le vieux Montmartre, vers 1905, celui de Poulbot, un illustrateur célèbre. Des gamins des rues qui vivaient comme ils pouvaient, ce sera un album frais, enlevé qui sera édité par mon fils, la première BD de sa maison d’éditions Margot. Mon but est de donner du rêve aux lecteurs, du plaisir avant tout.
Articles similaires