Une curieuse digression sur la création architecturale mais pas que. Un voyage au pays du Soleil Levant pour un homme qui a perdu ses repères mais qui est censé être un génie novateur. Kitsune est presque un conte philosophique sous le prisme d’une remise en question totale suscitée par un environnement décalé, hors normes pour un esprit occidental même de très haut niveau. Stéphane Presle raconte l’histoire avec Thibault Chimier dont on a apprécié le dessin bien élevé si l’on peut dire, en lignes soignées, claires, un soupçon cartoon.
On assiste, en spectateur parfois décontenancé, à la matérialisation des états d’âme de l’architecte chouchou de tous, hormis de lui-même. Qui est Noriko ? Son Jiminy Cricket ? Simplement une sorte de geisha ? Ou plus encore, une manipulatrice ? Le face à face est la clé de l’album, la progression aussi sentimentale qu’intellectuelle assez écrite. Il y aura des surprises, des erreurs, des choix qui peuvent avoir été rêvés. Ou pas. Une curieuse ambiguïté règne au fil des pages scandées par un Japon qui sait associer poids des traditions et modernité. Il y a du Lost in translation dans ce Kitsune (renard en japonais) qui fait référence à Mishima. Franck saura-t-il être enfin lui-même et se retrouver ? Un petit côté Voltaire aussi.
Kitsune, La Boîte à Bulles, 22 €
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