Les biographies des tueurs en série sont devenues presque un genre. Mais dans le cas de Ed Gein c’est bien au-delà d’une histoire de folie, de meurtres, d’horreur totale dont on va parler. En 1960 sort Psychose, le film d’Hitchcock, au départ annoncé comme un bide et qui sera pourtant le plus grand succès du réalisateur. Il est rare qu’un film puisse on le dit traumatiser un spectateur au point qu’il en garde une sorte de trace indélébile certes maîtrisée mais dont il se souvient avec précision. Psychose l’a fait et Hitchcock s’était inspiré d’un fait réel pour son Norman Baites joué par Anthony Perkins. Ed Gein tueur en série hors du commun en 1957 est découvert, inoffensif en apparence, meurtrier dépravé en réalité. Eric Powell et Harold Schechter ont signé sa bio, une vie de haine, de folie, une famille torturée, un physique médiocre. Le livre est dur mais contrairement à beaucoup d’autres dans le genre c’est un vrai reportage d’investigation qui s’appuie sur un travail d’enquête pointilleux que le dessin renforce, ponctue et démontre que l’homme est capable de tout.
1906 dans le Wisconsin, dans la famille Gein il y a le père George le soumis, la mère Augusta mystique, froide, violente, tyrannique, le fils Henry et enfin Ed que sa mère aurait voulu fille. Dès le départ, tout est mal barré chez les Gien. Augusta est ignoble de méchanceté, dévote, battue par son mari alcoolique sous les yeux de ses enfants. On prie tout le temps chez les Gien qui finissent par acheter une ferme paumée. Ed ne s’intègre pas aux autres enfants à l’école, pleure tout le temps, marionnette entre les mains de sa mère destructrice. Il est violé par d’autres gamins, sa haine des autres grandit peu à peu. Comme sa violence. Le père meurt en 1940. Ed est fermier et son frère est retrouvé mort. Quel rôle a joué déjà Ed qui ne sera pas inquiété. Enfin seuls, Ed et sa mère chérie vont vivre jusqu’au décès maternel, son enterrement dans un caveau en béton. Les choses sérieuses peuvent alors commencer.
De Psychose à Massacre à la tronçonneuse, ou au Silence des agneaux, Maniac, bien des aspects de la terrifiante existence de Gien inspireront le cinéma. Faut dire qu’il en a mis une sacré couche dans le délire abject, cannibalisme compris, peau humaine tannée, souvenirs divers de ses victimes, un monstre à l’état pur qui sera considéré comme irresponsable, un manipulateur doué, obsédé sexuel déviant, profanateur de sépultures, on en passe et pas des meilleures. Le bouquin est une somme imparable, construite et qui explique aussi sans complaisance le chemin tortueux d’un homme dont le destin a été au moins en partie scellé par ses propres parents.
Ed Gein, autopsie d’un tueur en série, Delcourt comics, 24,95 €
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