Le quatrième volet de Vietnam Journal, on l’a dit le plus crédible compte rendu de terrain sur une guerre qui reste ancrée dans la mémoire collective américaine, voire mondiale. Même si le spectre à l’époque de la lutte anti-communiste avait été agité après la défaite française en Indochine, la perte du Nord Vietnam puis une république fantoche au Sud, ce n’est pas pour autant qu le GI’s moyen conscrit de l’Ohio allait s’y faire tuer la fleur au fusil. Mille fois plus que Bérets Verts de John Wayne, beaucoup plus dans le ton d’Apocalypse Now, Platoon ou de Voyage au bout de l’enfer, Vietnam Journal n’évite rien, aucun sujet ou scène qui gène. On atteint un paroxysme de violence contre la population civile ou des GI’s qui pètent les plombs de façon atroce avec c’est vrai aussi des Viets Cong dans le rôle des méchants intransigeants quoi qu’il advienne. Reste l’auteur, Don Lomax qui a fait le Vietnam. Scott Neithmammer surnommé Journal, le reporter qui est le héros de cette série, c’est beaucoup lui et on le suit cette fois plus que les précédentes en première ligne, au sein même d’une guerre sans pitié que son crayon associé au récit rend d’un impitoyable cruauté.
Paumé dans la jungle Journal et les Viets aux fesses. Dans un village où une jeune femme le cache, il assiste impuissant à son meurtre et à celui de son bébé par un VC. Journal voudrait suivre le meurtrier mais cela ferait courir trop de risques aux villageois. Il rejoint enfin une route où un GMC le récupère. A bords un Australien et un Nouveau-Zélandais flanqué de Luther, un chien qui sent les Viets à un mile. Une embuscade et le trio plus le chien se retrouve à pied. Un poste oublié de supplétifs, Journal et ses copains organisent comme ils peuvent la défense avec des armes redoutables, mines Claymore, M-14 et des obus ruche dévastateur. Un round de gagné mais pas la guerre.
Quatre épisodes composent ce tome 4 avec des scènes de viols, de tortures de prisonniers US ou des largages de prisonniers viets d’hélicos dont certains sont abattus, une confusion totale dans une guerre de jungle individuelle mais avec aussi le remord, le refus qui peut aller jusqu’au meurtre. On sent aussi la faille entre armée US et armée vietnamienne du Sud, les civils pris au piège entre tous les feu et premières victimes d’un conflit qui les dépasse. De tous les albums, c’est peut-être le plus dur et à la fois le plus intransigeant sur l’horreur d’une guerre impossible à gagner. Un grand Lomax.
Vietnam Journal, Tome 4, Portés disparus, Delirium, 20 €
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