Sacré Zidrou. Il emprunte cette fois pour un conte picaresque les traces d’un Don Quichotte en plus costaud et d’un Sancho Panza qui serait rentré dans les ordres. Un duo improbable au temps des Croisades qui, pour les beaux yeux d’une donzelle qui se dit fille de sheik, va repartir pour une quête qui ne sera pas de tout repos. C’est Porcel que Zidrou a embarqué avec lui pour ce Chevalier Brayard. Francis Porcel avait montré en exclusivité ses carnets préparatoires de Brayard lors de sa venue à Montpellier et disait rêver « d’adapter Don Quichotte ». Un album jubilatoire, à savoir déluré, foisonnant, bourré d’idées et aussi émouvant. Le dessin de Porcel ? Tout autant jubilatoire et agréable.
Il rentre des Croisades le chevalier Brayard, un colosse à barbe rousse sans états d’âmes qui a trucidé à tour de bras en Terre Sainte. Ce qui ne plait qu’à demi à son écuyer moinillon à chapeau de paille. Quand une jeune drôlesse les agresse, elle ne sait pas dans quels draps elle s’est fourré. Elle serait princesse arabe et a été enlevée plus jeune dans son pays et ramenée en France. Brayard la suspend au bout de sa lance saucissonnée. Mais des cavaliers qui recherchent aussi la gamine leur barre la route et veulent reprendre le bien de leur seigneur. Erreur car Brayard se déchaîne, princesse ou pas au bout de sa lance affutée. Et comme le chef des malandrin est un ami à lui perdu de vue, autant faire cause commune. Un hospitalier Brayard. On sait désormais que la princesse s’appelle Adèle, plus simple que Hadiyatallah. Direction le château de Brayard où l’attendent une femme moche et qui piaille plus un flopée de mômes pas gâtés par la nature. De quoi n’avoir qu’une envie, retourner voir le Saint Sépulcre et si possible négocier une rançon pour Adèle.
Zidrou est un superbe scénariste. Pas évident d’enjoliver, de ciseler un scénario pareil, où les répliques sont à savourer. Un humour brillant, décontracté aussi, qui sait ne pas occulter des réalités comme le poids de la religion, les reliques improbables et si besoin ajouter la touche dramatique inattendue à une histoire apparemment bon enfant. Si on parle du dessin de Porcel il y a toutes les nuances nécessaires, la fougue, le soin du détail, la finesse et l’efficacité réaliste. Le charme aussi de la belle Adèle et des personnages dont on comprend en un clin d’œil défauts ou qualités. Un chevalier Brayard qui brille aussi par sa tendresse contenue et touchante.
Chevalier Brayard, Dargaud, 14,99 €
Articles similaires