On a parlé dernièrement de Jeanne la mâle reine signée aussi par France Richemond qui sait à merveille scander les bon scénarios moyenâgeux, faire plonger ses lecteurs dans les méandres des cours royales où se jouent le destin des princes mais aussi celui du royaume de France. Et pour cause puisqu’elle a également écrit Le Trône d’argile avec Nicolas Jarry et Theo Caneschi au dessin dont c’étaient les débuts, rencontré autrefois au Festival médiéval de Saint-Enimie et qui a repris Murena. Du lourd, reconnu et de grande qualité en tout point dont un dessin d’une rare finesse. Avec La Couronne de verre, elle s’attaque, si l’on peut dire, à un préquel de cette série, un antépisode comme disent les Canadiens, qui précède chronologiquement un titre existant. Or donc, on va assister aux tourments du jeune Charles VI roi de douze ans à qui ses oncles feraient bien un sort pour prendre le pouvoir et au passage volent le trésor de France. Rigueur historique et action, manigances font bon ménage et cette Couronne de verre s’annonce sous les meilleurs auspices si ce n’est pour le roi en cette guerre de cent ans mais au moins pour les lecteurs.
1380 , c’est un peu la panique en France. Du Guesclin est mort. Le roi Charles V est malade. Guillaume du Châtel rentre sur ses terres où l’attend son jeune frère Tanneguy, bouillant garçon. Le roi meurt, vive le roi. Charles VI a douze ans et trois loups comme oncles. Le pire c’est Louis d’Anjou, puis Jean duc de Berry et Philippe duc de Bourgogne. Anjou prend les devants alors que Bureau de la Rivière, ami fidèle de Charles V essaye de prévenir le jeune souverain des dangers qui le menacent. Anjou commence la razzia des trésors royaux se disant régent de France. Un conseil des princes se tient et confirme la régence d’Anjou. Comment Charles peut-il gouverner sans trésor alors que son père a laissé la France en bonne santé économique et annulé les impôts ? Anjou continue à piller le trésor même celui que Charles V a fait cacher. Guillaume nommé chambellan de Louis de Valois, frère très futé du roi, a retrouvé Tanneguy et raconte le sacre, les rivalités à la cour.
Il a bien sûr une remise en perspective de tout ce qui est arrivé avant la mort du roi, Jehan le Bon à Poitiers, le parjure de Louis d’Anjou, la Guerre de cent ans, les Jacqueries paysannes qui vont reprendre, l’humiliation royale par les bourgeois de Paris qui remplacent peu à peu par leur fortune les nobles. On y a ajouté une part romanesque sensible à travers l’âge des jeunes héros, le roi, son frère, Tanneguy et la bande de jeunes truands parisiens qui défendent la royauté. Les personnages historiques ont eux-aussi des assises solides avec le très méchant Anjou. Sans oublier de parler du dessin de Tommaso Bennato dessinateur de belle lignée dont on avait déjà apprécié plusieurs albums dont Le Phare d’Alexandrie. Tous les bons ingrédients sont là sur des couleurs de Hugo Poupelin.
La Couronne de verre, Tome 1, Plus peine que gloire, Delcourt, 15,50 €
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