En objets BD, Pixi a été longtemps et reste la marque de référence. Des figurines en plomb modélisaient les plus connus des héros de BD, en groupe ou seul, de Gaston à Astérix ou Lucky Luke, Blake et Mortimer. Louis Nicollin qui vient de disparaitre en était un collectionneur passionné. Il y a quelques années un article sur la saga Pixi avait été publiée sur midilibre.com avec comme personnage central Philippe-Antoine Guénard fondateur de Pixi qui a repris l’entreprise. Aujourd’hui Pixi a évolué sur un marché qui n’est plus le même et avec de nouveaux partenaires mais l’esprit Pixi est toujours là. Retour sur le passé et l’histoire de la marque. Texte signé par Jean-Laurent TRUC.
C’est une vraie saga, celle de la firme Pixi, qui depuis plus de vingt-cinq ans enchante tous les amateurs de figurines en plomb. Mais il n’y a pas de petits soldats dans le catalogue. Le fondateur de Pixi, Philippe-Antoine Guénard, a pris pour modèles les héros de BD. Tintin bien sûr mais aussi Gaston ou Astérix, Blake et Mortimer, Lucky Luke, les héros du 9e art, le tout en série limitée et peint à la main. Du coup, les collectionneurs très fidèles comme Louis Nicollin s’arrachent les Pixi. Philippe-Antoine Guénard s’est juré de toujours les satisfaire.
Philippe-Antoine Guénard est un homme à idées. Et celle de se lancer dans la figurine en plomb date de 1983, « histoire de créer une entreprise simplement. Et comme mon beau-père Alexis Poliakoff était sculpteur et passionné par les soldats de plomb anciens, cela m’a semblé être cohérent. J’ai voulu aller plus loin avec lui et Pixi est née. » Un vrai têtu, Philippe-Antoine, à une époque où le plastique était roi. Pour commencer, il veut raconter des histoires avec ses figurines. Dans la plus pure tradition il présente ses sujets dans des boîtes qui servent de décor. Il choisit 1900, la Belle Époque, comme thème de ses premières productions avec une épicerie ou un atelier d’artiste. « Sauf que tout le monde aimait mais que les ventes ne décollaient pas », avoue, sourire en coin, le créateur de Pixi.
Alors il a encore une idée, une vraie bonne idée, difficile à matérialiser certes mais qui fait mouche : « J’ai fait le siège des créateurs de mode, des grands couturiers en leur proposant que chacun crée une figurine en plomb portant une robe de sa marque. J’ai eu au moins trois cents rendez-vous et autant de refus. Jusqu’au jour où Patou a dit oui. Les autres ont suivi. » Commence alors les vrais débuts de la saga Pixi avec Disney France qui lui fait faire des Mickey en plomb et enfin, cerise sur le gâteau, la Fondation Hergé qui lui confie Tintin et Milou, Tournesol, la Castafiore et l’incontournable capitaine Haddock. « C’est un Tintin extrait de l’album Le Lotus Bleu qui a été le coup d’essai. Alexis Poliakoff a réussi merveilleusement à dégager l’esprit d’Hergé dans ses figurines. Le succès était là. Et dans la foulée Gaston, sous la houlette de Franquin en personne, a suivi. Imaginez Franquin découvrir son Gaston en 3D, un bonheur étonnant. Il a lui-même corrigé les maquettes. » Philippe-Antoine Guénard en est encore ému. Mais personne, et encore moins lui, ne pouvait imaginer le marché que la figurine en plomb, le « Pixi », allait devenir.
Uderzo rejoint aussi le monde du plomb avec Astérix et Obélix, puis tous les personnages imaginés avec Goscinny, alors que des esprits chagrins avaient prédit que jamais cela ne marcherait pour le petit Gaulois. Reste que, comme le dit avec fermeté Guénard : « On ne sait pas combien faire un Pixi est difficile. Tout est fait à la main, dans notre atelier de Normandie. C’est un travail long et délicat ce qui explique le prix de vente, des tirages faibles et, surtout, il ne faut jamais saturer le marché. » Résultat, ceux qui ont fait le succès, les collectionneurs, sont depuis plus de vingt ans toujours au rendez-vous. Des passionnés qui craqueront aussi bien pour un Lucky Luke ou un Nestor Burma de Tardi que pour le magnifique défilé en plomb tiré de celui de Jean-Paul Goude sur les Champs-Élysées en 1989.
Aujourd’hui, on sait moins que Pixi c’est aussi Plastoy, des figurines en plastique toujours réalisées avec le souci de la qualité. Elles représentent désormais 70 % d’un chiffre d’affaires qui flirte avec les 8 millions d’euros environ. En plus du plomb, Philippe-Antoine Guénard vient aussi de miser sur le bronze avec un superbe duo Corto Maltese et son ennemi Raspoutine d’après Hugo Pratt. Jamais à court d’idées, il a encore des projets plein la tête, avec toujours la BD pour partition.
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