Le tome 2, Les Pendus d’Amboise, vient de sortir chez Glénat. La lutte fratricide entre Protestants et Catholiques français, guerre de religion sans pitié, est le thème de cette série en six albums signée par Pierre Wachs au dessin et Philippe Richelle au scénario (Les Mystères de la République, Mitterrand un jeune homme de droite). Les Guerriers de Dieu sont dans les deux camps. Les Protestants sont des hérétiques pour Rome et le roi qui voit son pouvoir contesté. Ils vont lâcher à leurs trousses des assassins sans pitié dont le massacre de la Saint-Barthélémy (Charly 9 de Guérineau et Teulé) sera l’horrible point d’orgue. On suit cette aventure de cape et d’épée sur fond de guerre de religion que Richelle maîtrise et Wachs dessine parfaitement bien avec un soucis évident du détail historique. Le dessinateur, rencontré au salon du Livre, revient sur les Guerriers de Dieu. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Pierre Wachs, comment vous êtes vous retrouvé dans cette aventure ?
Un peu par hasard. Ce n’était pas vraiment prévu. J’étais sur le cycle des Mystères de la République largement entamé. On a discuté avec Richelle sur une suite de notre collaboration et il m’a proposé ce sujet. J’ai un peu hésité car j’avais déjà travaillé sur la période. C’était presque un retour aux sources. Mais je n’ai pas hésité longtemps.
Vous avez été étonné qu’on revienne sur cette guerre de religion ?
Non, pas vraiment. Qu’on puisse y revenir est assez d’actualité, plus ou moins indirectement. Il y a une résonance avec la période actuelle. Intolérance des deux partis, répression de part et d’autre, la période a été difficile et complexe.
On assiste à des meurtres sur ordonnance ?
Oui, le pouvoir royal se sent en danger. Plus encore que le pouvoir de l’église catholique. Si des nobles des grandes familles françaises se convertissent cela peut faire craindre que la légitimité catholique du pouvoir royal soit remise en question. Il va y avoir des jeux d’influences, parfois des états d’âme comme ceux de Catherine de Médicis, Guise, Condé qui jouent leur carte et Henri II au milieu. On va voir des chefs basculer d’un camp à l’autre.
Cela a été difficile de restituer l’ambiance, les décors de cette époque ?
Il faut que le dessinateur rende authentique ce que le lecteur va voir, va lire. Donc la documentation est capitale. Il y a internet, des gravures, des livres. J’essaye de ne pas faire d’erreur grossière. Je n’ai jamais été repris par un lecteur. On est à la fin du Moyen Âge mais c’est dans les châteaux chez les riches que la Renaissance apparait. Dans le peuple, dans les villes ou les campagnes c’est encore la même façon de vivre qu’au Moyen Âge. Paris est un cloaque et rien n’a bougé.
Comment Philippe Richelle vous communique son scénario ?
J’ai un synopsis détaillé des six tomes qui vont de 1557 à la Saint Barthélémy. Le fil rouge c’est ce héros Arnaud de Boissac avec son ami imprimeur protestant qui revient dans le tome 2 pour porter la bonne parole et vendre en cachette des ouvrages interdits. On reste très parisien dans cet épisode même si il y a quelques escapades en province. Ce qui est important c’est ce qui se passe à la cour, la mort en tournoi d’Henri II, la montée sur le trône de François II, les Guise qui sont prêts à tout et la rebellion de petits nobles protestants qui va échouer et être réprimée par la pendaison des conjurés. Il y a aussi Coligny qui pourrait être le chef de la rebellion. On va découvrir de nouveaux personnages mais je ne sais pas tout. Cela permet à Richelle de faire évoluer l’intrigue en cours de parution. J’ai un casting à faire vivre. Il a une vision du personnage principal et me laisse libre pour les autres.
Arnaud lui joue aussi son avenir avec Guise qui est son protecteur mais qui va trahir une promesse qu’il a faite à l’un des rebelles. Il est un peu arriviste Arnaud ? Et maintenant il est marié.
Il s’est marié grâce a l’appui de De Guise qui va avoir des soucis avec la mort à son tour de François II. Il suit le mouvement de l’Histoire Arnaud. Guise a la stature nécessaire comme personnage qui permet de suivre le fil de l’intrigue. Arnaud ne s’est pas encore découvert. Il n’a pas pris position. Ce sera dans le tome 3. Au départ Arnaud est curieux, il veux voir de près ce qu’est le protestantisme. C’est son ami librairie qui l’initie. Il prend un risque et ça tourne mal. Philippe Richelle a signé un scénario machiavélique, de cape et d’épée aussi. Il a lorgné sur Dumas, pas que sur la religion de façon didactique. On respecte le drame mais on y ajoute une part de romanesque. Tout ce que l’on décrit ou montre a eu lieu. Pas besoin d’en rajouter. On est dans une lutte de pouvoir au plus haut niveau. Et tous les moyens sont bons.
Son épouse pourrait avoir plus de présence ? Un personnage comme celui de Sophie Marceau dans la Fille de d’Artagnan ?
Je lui dirai mais je ne pense pas que ce soit prévu et elle attend un enfant.
Vous êtes très pris par Les Guerriers de Dieu ? Le sujet vous a plu ? On se sent concerné quand on travaille sur ce genre de thème ?
Je suis totalement sur ce projet. Le tome 2 vient de sortir. Le rythme de parution est très rapproché. J’avais pris un peu d’avance. Le dernier tome des Mystères sortent aussi en mai. J’ai beaucoup aimé et oui on se sent concerné bien sûr mais c’est lointain. On évoque les horreurs de part et d’autre, des curés crucifiés par exemple. Tout n’est pas blanc ou noir dans cette guerre de religion.
Il y a des genres que vous aimeriez traiter en BD ?
Rien de précis. J’ai un autre projet avec Philippe Richelle, au XXe siècle, dans les années soixante, franco-américain et l’influence US. On en est aux prémices. J’aime bien en fait les sujets moins cadrés que les sujets historiques. J’ai plus de liberté entre autres graphiques.
Les Guerriers de Dieu, Tome 2, Les Pendus d’Amboise, Glénat, 14,50 €
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