Pierre Alary a donné vie à un nouveau héros de Fabien Nury. Silas Corey, en pleine guerre de 14, est un détective revenu de tout. Cynique, désabusé, Corey travaille pour qui paye le mieux. Ce sera Clemenceau, le Tigre, qui a besoin de remettre la main sur un message secret inscrit au dos d’un timbre poste et, si possible, devenir président du conseil.
Traîtres, espions allemands, agents doubles et même Marthe Richard en pilote de Spad, le grand jeu pour ce Il était une fois Silas Corey.
En deux volumes chez Glénat, Alary au dessin a fait le break. Son personnage se détache désormais parmi les nouveaux héros de BD. Il raconte comment il a mis en scène avec panache et fougue le scénario d’un Fabien Nury qui ne cesse d’aller de l’avant. Rencontre avec Alary au salon du Livre.
Silas Corey, c’est un atypique, un mystérieux personnage dont on sent qu’il a un passé lourd à supporter.
C’est un dandy par certains côtés. Il ment et tue sans états d’âme. Et fait monter les enchères, travaille pour le renseignement français, la veuve d’un trafiquant d’armes, Clemenceau. On sait qu’il a fait la guerre et qu’il a vécu l’horreur. Un type qui dit merde à tout le monde, Corey. Il peut être méprisant, injuste mais aussi amoureux, fidèle et revient aux fondamentaux dont la défense de son pays.
Opportuniste aussi ?
Oui, rien ne justifie son attitude. Vous avez remarqué la façon dont il traite son serviteur Nam, vietnamien, le rapport qu’il a avec la notion de colonialisme. Silas fume l’opium qu’il lui permet d’oublier. Mais quoi ?
Ce qui n’empêchera pas Nam de le traiter de con. Silas ne dit rien.
Parce que Silas Corey sait que Nam a raison. Silas est un personnage hors normes comme les aime Fabien Nury. Je ne sais pas si vous l’avez remarqué mais Silas Corey a les cheveux blancs. C’est la seule contrainte que Nury voulait afin de bien identifier le personnage. Ce qui est classique pour les héros de BD d’aventures.
Silas a peut-être aussi vécu un drame qui aurait provoqué ces cheveux blancs précoces ?
Pourquoi pas. Silas s’est battu et semble avoir été réformé. J’ai prix un grand plaisir à le faire vivre. Fabien Nury intervient pas mal. On a retravaillé des planches. Un beau dessin ne lui suffit pas.
Vous avec apporté votre maîtrise des scènes d’action dont une qui se passe aux Galeries Lafayette où a lieu un attentat.
Absolument. J’ai besoin d’espace. Je ne suis pas à l’aise pour un huis-clos dans un bureau avec trois types. Dans la scène des Galeries cela a été un bonheur auquel s’est rajouté le travail sur les couleurs.Nury a en prime des dialogues très bons. Silas n’est pas Sherlock Holmes ou Lupin. Non, il est Silas Corey, cocktail détonnant et imprévisible, unique. Cela c’est l’art de Nury qui a réussi son coup.
Vous avez l’air d’avoir bien fonctionné, Nury et vous.
Un beau mariage. Une écriture dense, un dessin aéré et un suite. On restera dans la même période en avançant dans le temps, 1918 ou 1919. Et Silas Corey voyagera à travers le monde. L’Indochine peut-être ? (note : Fabien Nury nous a confié qu’il aimerait bien y faire un tour). Ou des pays dont on ne parle pas pendant la guerre de 14 ou peu, la Grèce, la Turquie.
Et hormis cette suite, Pierre Alary, autre projet dans les cartons ?
Oui, une reprise de Moby Dick en 120 pages avec Olivier Jouvray chez Soleil (note : les planches sont visibles sur le site de Pierre Alary).
Articles similaires