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Les Maîtres des îles, la fin violente d’un monde

Un version martiniquaise de Autant en emporte le vent, au moins pour le contexte de l’esclavage, des propriétaires terriens qui cultivent la canne à sucre mais pas le coton, les débuts des révoltes, et peut-être la fin d’une époque vers 1850, où on considérait les êtres humains de couleur comme des animaux alors que déjà la traite avait été interdite. En 1848 l’esclavage sera aboli en France et donc aux Antilles. Les Maîtres des Îles se situe juste avant et a une jeune blanche pour héroïne, Eliza Huc dont le grand-père est un intraitable raciste qui devra pourtant se rendre à l’évidence. De la fureur, du sang et de l’action mise en scène par Stéphane Piatzszek (La Cour des miracles) au scénario et Gilles Mezzomo au dessin. Un petit côté louisianais quand même sur le trait du dessinateur du très bon Vétéran. Un bon départ.

Quand on la libère de sa pension, en 1846 en Martinique, Eliza Huc retourne à la plantation familiale Morne Folie que gère son grand-père. Son père est à Paris se faire soigner. On parle d’une usine qui est en train de se construire pour mieux exploiter la canne à sucre. Ce qui intrigue la jeune fille. Mais une femme ne doit rien faire d’autre que s’occuper des enfants et de la maison. Eliza est une rebelle, fière cavalière qui ne peut souscrire à l’opposition entre maîtres blancs et travailleurs noirs. Rapidement, Eliza va tenter le diable et essayer de se faire un ami d’un Noir pour aller visiter l’usine. Mais Grand-père Huc veille.

Gilles Mezzomo au festival BD de Sainte-Enimie où il a été primé. JLT ®

Une saga familiale sur fond d’évolution sociale, politique et humaine. Avec bien sûr Eliza, femme de tête, dont on ne sait pas tout. Stéphane Piatzszek a bien peaufiné son scénario qui va révéler bien des surprises, des personnages intéressants comme Volny, l’affranchi devenu propriétaire. De la violence bien sûr car le thème et l’environnement s’y prête. La liberté avant tout et un monde qui s’effondre dans la douleur. Mezzomo a le trait parfait pour ce genre de sujet, enlevé, chatoyant dans les paysages et forts pour bien montrer les caractères de ses personnages.

Les Maîtres des Îles, Tome 1, Aux vents des Antilles : Martinique 1845, Glénat, 14,95 €

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