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Kill or be killed, gage mortel

Un frustré de la vie, un suicidé qui se rate et qui doit au diable une ardoise salée, Kill or be killed est une création de Ed Brubaker et de Sean Phillips. Attention, ça dégage dans ce thriller urbain dans lequel l’enfer n’est pas pavé de bonnes intentions. Les auteurs de l’excellent Fondu au noir ou de Fatale récidivent avec une histoire pour le moins pittoresque. Un gentil, contraint et forcé, qui flingue des méchants mais où commence la justice et s’arrête la loi du talion ? On est pris entre deux feux par ce Dylan qui aurait mérité un peu plus de chance dans la vie sauf qu’il part vraiment de loin.

A force qu’on le prenne pour un ringard, éternel étudiant, loser éperdu de reconnaissance, Dylan est un suicidaire chronique. Il vit avec son meilleur ami Mason qui a une liaison avec la belle Kira pour laquelle il a lui aussi des sentiments. Un soir, désespéré, il se jette du huitième étage et arrive pourtant intact sur le sol. Pendant la nuit un démon apparait et lui annonce que sa seconde chance de vivre ne sera pas gratuite. Tous les mois il doit tuer un méchant sinon il aura quelques soucis mortels. Pour bien lui prouver qu’il ne joue pas, le démon lui casse un bras. Il n’a pas rêvé Dylan mais refuse encore de croire à ce cauchemar. Il tombe gravement malade et est agressé alors qu’il ne lui reste plus qu’un jour pour payer sa dette mensuelle. Dylan sait que son père gardait un révolver chez lui. Il le récupère alors que Kira se rapproche de lui. Trop tard il va falloir passer à l’acte sinon il mourra.

Un début sur les chapeaux de roue, troublant car c’est le frère d’un ami d’enfance qui sera sa première cible. Un récit qui flirte avec ambiguïté entre justice sauvage et désespoir d’un homme solitaire pas vraiment gâté par la vie. On y ajoute cette part de fantastique qui mène la danse pour au final avoir un type dont la vie déjà moche va être complètement ravagée. Action mais aussi étude psychologique d’un homme pris au piège par ses démons. A moins que dans le prochain tome ? Impossible quand on a ouvert ce bouquin de le refermer. Ils sont vraiment doués le duo Brubaker-Phillips et connaissent parfaitement les mécanismes qui font les bons polars pour l’histoire comme pour le dessin.

Kill or be killed, Tome 1, Delcourt, 16,50 €

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