Philippe Xavier a su évoluer tout au long de sa belle carrière. Depuis Croisade, Conquistador, il s’est fait une place de choix dans la BD réaliste dont il est l’un des meilleurs dessinateurs. Avec Tango sur un scénario de Matz il signe une série qui a pris ses marques, bien menée sur laquelle, lors de son passage récent à la librairie Azimuts à Montpellier, il est revenu avec Ligne Claire. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Philippe Xavier, Tango est une série qui a pris ses marques, cette fois sous forme d’un diptyque avec le tome 7 et le 8 qui vient de sortir ?
La belle surprise a été que Tango a trouvé son public très vite dès le tome 1. Ensuite notre rôle à Matz et moi a été d’être le plus régulier possible pour s’installer sur le marché. On a publié 8 albums depuis 2017, un rythme soutenu. Plus Le Serpent et le Coyote.
Tango c’est un duo avec Mario l’ami fidèle.
Le duo, le tandem d’aventuriers pour un public qui a grandit avec Bernard Prince, Bob Morane, Bruno Brazil. Nous faisons quelque chose de très respectueux de la BD que l’on aimée, à notre sauce, un peu plus dynamique, influencée par les films que l’on voyait dans les années 80 ou les séries fin 60 comme Les Globe-trotters avec Yves Régnier que tu évoquais. Un tandem qui est là, débarque de nulle part et se retrouve dans le pétrin sans le vouloir. On s’est rendu compte que le lecteur aime bien ça, s’attache à ces personnages. Il est dépaysé par l’exotisme. Avec Tango on ne se prend pas la tête, du feel good.
Ce sont des gentils en fait.
Oui, Tango c’est une BD positive même si on a parfois une histoire un peu dure comme dans le tome 5 avec un ancien nazi tortionnaire en Amérique du Sud. Matz le réalise plus que moi. Moi je m’amuse à dessiner, faire plaisir au lecteur, qui à son tour s’amuse à nous lire.
Comment vous travaillez avec Matz ? Vous parlez à l’avance du scénario ? Il te le fournit en une fois ?
J’apporte généralement le début et la fin de chaque histoire. Après, à deux on se raconte un film, on met tous les wagons en place pour composer le train. Quand on a les grandes lignes Matz fait son travail de scénariste, découpe le séquencier, prévoit le nombre de pages. Des chapitres qu’il découpe en planches, puis la planche avec les dialogues. J’essaye toujours de respecter son découpage, page de droite et de gauche. S’il a prévu une scène en 5 planches je reste sur ce nombre. Cela c’est pour Tango. Pour Le Serpent et le coyote, Matz avait découpé en 80 pages. J’en ai fait 120 avec un style plus narratif. Sur Tango on a une sorte de cahier des charges et ce n’est pas simple de raconter une histoire en 54 pages. Donc on va monter à 60 pour le prochain.
Vous travaillez sous forme de diptyque. On a eu un thriller, polar historique, un trésor, Magellan.
C’est bien d’évoquer ce diptyque. On sortait du Serpent et le coyote, on s’était lâché, et on devait faire un one-shot de Tango. On s’est dit comment après un récit en 150 pages revenir à 54. On avait une autre façon de travailler. Avec l’éditeur on a choisit le diptyque pour ces deux Tango afin d’être dense mais aussi aéré sur certains passages.
C’est une formule définitive ? Et où va aller Tango ?
Je pense qu’il faut revenir à des one-shots avec une pagination entre 62 et 70 pages qui demandera un travail supplémentaire dans la construction. La promesse de Tango c’est une histoire complète en un tome. Il y a des lecteurs qui ont été déroutés par le 7 sans fin et d’avoir une suite avec le 8. Mais si on lit maintenant le 7 et le 8 à la suite c’est parfait. Donc c’est pour cela que j’ai travaillé énormément afin qu’il y ait le moins de temps mort entre les deux parutions. Sans perte de qualité. Pour le prochain on va en Nouvelle-Zélande. A voir, j’ai une idée pour les premières planches, des images en tête.
Il faut trouver la bonne aventure. Dans le tome 8 il y a un petit clin d’œil salé à Hugo Pratt avec cette ballade de la mer de Sulu.
Qui ne pourrait se passer donc qu’en Nouvelle-Zélande mais on ne l’a pas encore. Pour le 7 et le 8 avec Matz on voulait sortir des Cartels, de la mafia. On adorait Corto Maltese et on voulait montrer qu’on pouvait faire quelque chose de différent avec Tango, dans une direction plus « rêveuse ». On s’est fait plaisir avec le tome 8 où on est effectivement en mer de Sulu, sur une part inventée pour le trésor de Magellan. Ce qu’on dit sur lui par contre est vrai dont sa mort mal connue.
Tu travailles en traditionnel ?
Je travaille en digital depuis le Tango 2. J’ai calibré mes outils comme en traditionnel. C’est physiquement plus agréable que de travailler sur papier. Tu gagnes temps et qualité. Mais je n’ai plus d’originaux. Depuis le Covid il y a eu une augmentation des commandes de dessins originaux. Mais moi ma passion c’est faire de la BD. Il y a eu une expo et je fais des impressions de tirages d’art unique qui sont superbes. C’est un marché différent.
D’autres projets ?
J’ai eu le plaisir de travailler avec Van Hamme sur XIII dont dernièrement une histoire courte pour Spirou, plus une autre histoire courte pour les 77 ans de Tintin. Et bien sûr avec Matz toujours Le Serpent et le coyote dont le tome 2 sort l’an prochain. Comme dessinateur je suis comblé. Il me reste une petite incursion à faire dans l’univers de Blueberry-Giraud. J’ai beaucoup de propositions pour des westerns mais je repousse l’échéance. Il y en a trop en ce moment. Je pensais aussi à un moment écrire pour une histoire plus personnelle, sur les voyages, les relations humaines, introspection et exotisme à la Corto, plus intimiste, seul à bord. A voir.
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