Viktor Koralovski est un oligarque russe. Et en prison dont il s’évade. Cet ancien magnat du pétrole a déplu au président de la fédération de Russie. Philippe Gauckler s’est inspiré du personnage bien réel de Khodorkovski que Poutine a poursuivi, interné puis libéré pour écrire et dessiner cette nouvelle saga de la collection Troisième Vague. Viktor Koralovski a eu le tort, entre autres, de découvrir avant les autres que le pétrole finalement il y en avait encore beaucoup. Philippe Gauckler a répondu aux questions de Ligne Claire au dernier Salon du Livre à Paris. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Du pétrole à ne plus savoir qu’en faire, Philippe Gauckler, c’est vrai ?
C’est un peu un faux scoop. C’est difficilement vérifiable et il est tellement profond que cela coûterait une fortune de l’extraire. Dans les années soixante-dix, oui il y en avait beaucoup.
Comment ce Koralovski a vu le jour ?
J’avais proposé un autre projet, une histoire de paradoxe temporel, un caisson à la NASA qui permettrait de remonter le temps. Il y en avait déjà d’autres. J’ai repris pour l’idée d’un SDF amnésique qui ne parle pas. Et j’ai évolué vers l’univers du pétrole. Cela a été une découverte. J’ai fait un premier story-board de 46 pages.
Votre scénario donne l’impression que vous en êtes un spécialiste ?
Pas vraiment mais cet univers m’a fait voyager. Il y a tous les ingrédients scénaristiques sur des bases économiques, historiques, géographiques, politiques. Je me suis totalement libéré.
Vous vous êtes inspiré de Khodorkovski que Poutine a mis sur la touche et en prison ?
Oui, j’ai été attiré par son parcours et par la façon dont il a évolué. Ces oligarques avaient prêté beaucoup d’argent à Eltsine. En 1995, si on ne les remboursait pas ils devenaient propriétaires des grandes sociétés russes. Ce qui s’est passé. Au début des années 2000 la puissance des oligarques devenait trop gênante pour Poutine. Sans compter la valorisation des entreprises. Poutine a récupéré la donne, la mise et le résultat financier au profit de l’état qui pouvait ainsi contrôler ses richesses.
Khodorkovski n’était pas un saint.
Il est très malin, donc dangereux pour Poutine dont il pouvait être le challenger. Ce qui m’a donné l’idée de la série c’est ce qu’il a écrit, pas le côté Comte de Monte Cristo. En fait il y avait deux empires qui s’affrontaient à l’époque, les USA et la Russie. Un partage du monde qui permettait à chacun de s’enrichir dans l’armement et gonfler leur économie.
Donc votre héros Viktor Koralovski lui ressemble ?
Il a des contacts et des pions dans toutes les sociétés, des relations chez les oligarques comme on le voit dans l’album après son évasion. Ma série n’est pas un documentaire même si le Président de Russie est l’un de mes personnages. Vous savez, Poutine joue aussi un rôle, celui de l’homme qui passe son temps à être attaqué d’où son image auprès du peuple russe assez positive. Le Président va avoir un rôle important dans le tome qui s’appellera Dans l’Ombre du monde.
Vous aimez surfer sur l’actualité ?
Il y a de la bonne matière scénaristique dans l’actualité. Un exemple : le commandant Massoud a été assassiné deux jours avant le 11 septembre. Il se serait sûrement opposé à l’intervention américaine en Afghanistan. Hasard ou pas ? Dans ma série j’ai choisi comme agence secrète US la DIA qui est composée de militaires, plus loyaux que la CIA ou la NSA.
Et vous parliez d’actualité, j’ai un projet tout aussi chaud avec des drones qui commettent des attentats mais je n’en dis pas plus. Je me prends au jeu dans ces récits et j’ai aussi le grand plaisir de les dessiner.
Articles similaires