Alors que vient de sortir chez Delcourt l’adaptation du roman de Jean Teulé, Entrez dans la danse, par Richard Guérineau, un bel habitué de l’exercice, on a voulu rappeler que c’est Philippe Bertrand qui avait ouvert le bal. Un homme de grand talent, charmant, curieux. Il avait pris en main Le Montespan de Teulé, un bouquin enlevé, sidérant, tendre et amer parfois. L’histoire d’un homme qui aimera jusqu’au bout sa femme allée rejoindre des bras royaux. Philippe Betrand avait sublimé le destin du marquis. Et il s’en est allé bien trop tôt évidemment en 2010. On l’avait rencontré à Angoulême, comme Jean Teulé. On a sorti des archives deux textes sur lui, sur Le Montespan, sans hésiter non plus à ajouter la chronique parue à l’occasion de la parution du Magasin des Suicides de Teulé qu’Olivier Ka a scénarisé et Domitille Collardey dessinée. Textes : Jean-Laurent TRUC.
Philippe Bertrand est mort à 61 ans. Parmi une production importante, en quelques albums, il aura marqué de façon incontournable le monde de l’art et celui de la BD en particulier.
Philippe Bertrand venait de publier l’adaptation du roman de Jean Teulé, Le Montespan chez Delcourt. En donnant vie sous son crayon au mari de la célèbre marquise, Philippe Bertrand avait signé son album le plus fort, le plus construit et aussi le plus difficile. Jean Teulé, très triste aujourd’hui, lui avait donné carte blanche pour mettre en images le parcours exemplaire face à un Louis XIV despotique d’un homme qui ne cédera jamais et aimera jusqu’à son dernier souffle sa peu loyale marquise de femme.
Viendra dans la foulée sa période Pilote et la publication de Linda aime l’art chez Dargaud en quatre volumes. Bertrand se prend de passion pour l’édition jeunesse et dessinera une cinquantaine d’albums. Il mettra la BD en parenthèse et réalisera des décors de théâtre, la verrière de la Fnac Étoile à Paris, des dessins animés et un jeu vidéo. Amoureux des femmes, son adaptation du Montespan le prouve, Bertrand écrira des romans légers et reviendra à la BD sur un scénario de Frédéric Beigbeder, Rester normal à Saint-Tropez, un brin tendance, et en 2008 l’excellent L’Amour cash avec Tonino Benacquista.Philippe Bertrand était un homme tendre et chaleureux, curieux et passionnant.
Jean Teulé a le talent de choisir des héros souvent inconnus mais hors du commun. Avant Mangez-le si vous voulez, son dernier titre, il avait raconté le parcours exceptionnel du marquis de Montespan, mari de la célèbre maîtresse de Louis XIV. En virtuose, Teulé signait un roman superbe, généreux, qui s’est vendu à 500 000 exemplaires. Jean Teulé a aussi eu une vie d’auteur BD.
Car Montespan non seulement rejette l’idée que sa femme règne à Versailles mais en prime va peindre son carrosse en noir et le flanquer de cornes de cerf. Cocu certes mais avec panache. Et par-dessus tout Montespan aimera jusqu’à sa mort, avec passion, sa marquise qui trempera tout de même dans l’affaire des poisons mais sera une grande amie des Arts et des Lettres. « Un cas unique le Montespan. Il n’a jamais craqué et pourtant le roi a mis le paquet. Je n’ai rien inventé et Bertrand a eu le talent de donner à tous les personnages un relief saisissant, émouvant ou cruel. »
Philippe Bertrand après avoir adapté Beigbeder et Benacquista a séduit son ami Teulé. « C’est la première fois qu’en parlant d’une BD je peux dire que c’est un chef-d’œuvre », ajoute Teulé, très sérieux. Et c’est vrai que l’on plonge avec facilité déconcertante et joie à la suite du Marquis qui élèvera un crétin de fils et perdra sa pauvre fillette désespérée de ne pas revoir sa maman. A coup sûr Le Montespan mériterait aussi un film comme l’autre roman de Teulé, Je, François Villon que France 2 va réaliser. Et que Luigi Crittone dessinera pour une BD en trois tomes. Quant à Teulé, désarmant touche-à-tout génial, il continue à se laisser porter par les futures aventures de ses héros qui auront toujours une trame de fond historique pour décor.
Le Montespan, Delcourt, 17,50 €
Paradoxe certes car dans la famille Tuvache on a une spécialité, la mort volontaire, et la boutique qui va avec, le suicide parfait selon goûts et souhaits des volontaires. Corde à pendu, bonbon empoisonné, katana pour hara-kiri, on trouve tout ce qu’il faut chez ses braves gens qui ne rigolent pas avec la mort, surtout celle des autres. Quand un beau jour madame Tuvache met au monde Alan elle ne sait pas que leur vie va changer. Car Alan sourit, aime la vie, est optimiste et, pire, a une bonne humeur contagieuse.
Les Tuvache feront tout pour rendre leur gamin tristement et mortellement ennuyeux. Perdu et c’est cette lutte que raconte Teulé avec un humour noir qu’Olivier Ka a scénarisé, Domitille Collardey dessinée. L’amour contre la mort, l’espoir contre le désespoir, un petit bonheur que cette adaptation d’un excellent roman.
Le Magasin des Suicides, Delcourt, 14,95 €
On avait déjà signalé que La Sagesse des mythes, la collection consacrée à la mythologie…
Du vécu un peu amélioré mais qui sur le fond est passionnant et remarquable. Comment…
Récompensé par le Grand Boum-Ville de Blois, David Prudhomme préside la 41e édition du festival…
Un bel album ce qui est tendance, dos toilé, beau cartonnage et 240 pages, Mémoires…
On les suit de très près les éditions Anspach car c'est vrai on a un…
L’auteur et dessinateur de bandes dessinées Mathieu Sapin préside aux côtés de Michel-Édouard Leclerc le…