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La Fleur dans l’atelier de Mondrian, belles retrouvailles

De Piet Mondrian on retient le plus souvent cet assemblage assez incroyable de traits noirs à angle droit, de carrés bleus ou rouges, jaunes qui resteront à jamais la marque de son talent. Réduire Mondrian à cet art abstrait peut paraître simpliste et pourtant les Américains sont allés encore plus loin dans l’étiquetage avec le Mondrian Hôtel de Los Angeles sur Sunset dont la façade et l’intérieur sont décorés dans le style du peintre. Avec La Fleur dans l’atelier de Mondrian on revient à l’homme méconnu, à sa grande discrétion, à sa peur viscérale de s’attacher, à sa vie parisienne pendant les années folles. Une découverte signée par Jean-Philippe Peyraud (L’Inversion de la courbe des sentiments) et le toujours bluffant Antonio Lapone au dessin, réunis par une photo commune, celle d’une fleur en plastique dans l’atelier de Mondrian, seul rappel « naturel » parmi son fameux univers géométrique. Comment est-elle arrivée là ? Avec ce grand format qui une fois de plus est un cadeau à faire pour Noël aussi bien à un amateur d’art que de BD, on plonge dans un monde poétique qui ouvre la voie à des retrouvailles méritées avec un peintre hors normes.

En 1918 Mondrian détruit ses tableaux à coups de révolver. Il est fou de danse de salon dans sa Hollande natale, dessine des dunes et l’océan sans passion et n’a qu’une envie, retourner à Paris. Il achète une toile par mois, danse la nuit dans les clubs, ne fréquente que des prostituées afin de ne pas tomber amoureux. Ce sont ses dessins de fleurs qui lui font gagner sa vie. Dans un cimetière il rencontre une jeune femme qui semble être sous son charme. Ils se retrouvent pour danser mais Mondrian ne se décide pas à lui avouer ses sentiments. Pris au piège Mondrian tente de la retrouver. Elle aussi et elle le découvre malade dans un atelier où tout est à l’image de son œuvre, géométrique et aux couleurs vives. Néoplasticisme et non cubisme, Mondrian finira par revoir Francine puisque tel est son prénom mais sans réussir à matérialiser une relation. Elle lui offre en cadeau d’adieu avent son départ dans le midi une fleur artificielle.

Antonio Lapone. Photo JLT ®

Les interrogations de Mondrian sur son travail, ses angoisses, ses peurs, ses sentiments les plus intimes, c’est un curieux et beau voyage que proposent Peyraud et Lapone dont le trait enlevé et si élégant se prête plus que bien à cette balade romantique et poétique. On est pris par la vision artistique de Mondrian, son désir d’art avant tout, que l’on pourrait croire, au départ, répétitive. Bien au contraire, Mondrian invente, repousse la représentation de la nature bien qu’ayant signé de remarquables paysages. 40 pages suivent cet album grand format, des études, des dessins préparatoires qui font aussi de l’œuvre un fabuleux art-book.

La Fleur dans l’atelier de Mondrian, Glénat, 19,50 €

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