Jérémie Moreau avait ouvert le bal de son parcours brillant avec, sur un scénario de Lupano, Le Singe de Hartlepool primé par Canal BD en 2013 pour lequel il était venu au Festival de Sérignan la même année. Ce fut ensuite le coup de maître, La Saga de Grimr qui l’officialise comme une des valeurs sûres, montantes, du 9e art et lui permet d’obtenir le Fauve d’Or à Angoulême en 2018. Dans ce dernier titre, Moreau trace un portrait qui met en place ses propres doutes ou interrogations, les espoirs déçus de son héros face à la cruauté et la bêtise des hommes arcboutés sur des principes et des croyances dépassées. Avec Penss et les plis du monde, le registre n’a pas changé. Les doutes sont encore plus visibles, certains, pour Jérémie Moreau qui les étalent dans une chronique préhistorique émouvante. L’homme chasseur peut-il devenir cultivateur sédentaire porté par la nature ? A quel prix ?
Penss est un piètre chasseur, et un rêveur qui voit autour de lui une nature sauvage mais capable, si on s’en donne la peine, de nourrir les hommes. Penss regarde les étoiles qui lui semblent plus belles que n’importe quel homme. Contemplateur de ce qui l’entoure, il finit par par comprendre le cheminement entre ses différentes composantes. Avec sa vieille mère, il se perd et s’éloigne de sa tribu. Obligés de s’installer pour l’hiver seuls dans une caverne, il va vivre une épreuve initiatique redoutable. Comment survivre, comment appréhender que les plantes bougent, poussent. Sa mère meurt et Penss lui a fait une terrible promesse.
On peut parler d’un conte philosophique à taux plein. Penss pense, invente, bâtit une nouvelle forme de vie, évolue, ce qui a été vraiment le cas dans la préhistoire. Finie la chasse aux mammouths, on pense à la culture, à l’élevage. Ce qui ne sera pas simple au début car Penss si il a réussi à convaincre aura, aussi, à affronter l’échec. Il y a une morale dans ce conte qui oscille entre raison, logique et aventure futuriste. Où est la frontière entre les hommes et la nature, les uns ne sont-ils pas des émanations de cette nature pleine de vie ? Ne vaut-il pas mieux la laisser faire ? Penss comprend enfin ce qu’est la vie, et le lecteur l’accompagne.
Penss et les plis du monde, Delcourt, 34,95 €
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