Une piste sans fin, dans la neige, alors que la Grande Armée tente de survivre pendant sa retraite de Russie. Une page d’histoire dans laquelle des civils français ont été aussi pris dans le fleuve sanglant de cette épopée tragique. La Marche raconte le destin d’une poignée d’entre-eux, de milieux sociaux différents, pris au piège, avec des guides russes et à la merci de tout. Faim, neige, accidents, rivalité, c’est l’instinct de survie qui mène La Marche. Au scénario Anne-Laure Reboul et Régis Penet (Imperium) qui signe aussi le dessin. Un noir et blanc qui impose sa violence, son désespoir et ses interrogations. Qui arrivera au bout de la route ?
1812, la France plie bagage de Russie, comme elle peut. Des civils Français évacuent Moscou à la suite de l’Empereur vaincu. Une poignée d’hommes et de femmes sont guidés par Baroux. Une calèche casse. Il faut répartir les passagers qui doivent abandonner l’inutile. Un couple de nobles, frère et sœur, les Saint-Venant et un autre de commerçants, les Collard, vont faire contre mauvaise fortune bon cœur et partage leur chariot. On tue un cheval pour manger alors que la neige a tout recouvert. Pour éviter les troupes Russes, les fugitifs doivent faire un détour vers le Nord et essayer ensuite de rejoindre la Grande Armée. Il faut mettre en place un roulement dans les calèches pour que tous puissent alterner repos et marche sous l’œil des guides russes sceptiques.
Le noir et blanc, le découpage, les plans en longueur sur le petit convoi perdu dans la neige, les visages des personnages peu à peu touchés par la faim et la peur, la tragédie prend place et on sait que tous n’arriverons pas à bon port. Mais ce sont surtout les rapports humains, la cruauté désabusée, la violence calculée que montre ce récit de folie où chacun jouera ses cartes en essayant de gagner un peu plus de vie. Un huis-clos dans l’enfer blanc sur un dessin très évocateur de Penet.
La Marche, Vents d’Ouest, 22 €
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