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Interview : Juan Diaz Canales parle d’Équatoria, le dernier Corto Maltese : « on est plus à l’aise avec le personnage »

Équatoria est le titre du nouveau Corto Maltese dont c’est le 50e anniversaire. Aux commandes on retrouve Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero bien sûr qui avaient de belle façon assuré la reprise du héros de Hugo Pratt dans Le Soleil de minuit (Casterman). Un album qui assume et assure encore plus cette fois l’ambiance de Corto, aventures mais aussi la part de rêve inhérente à l’état d’esprit du marin vagabond. Et pourtant il va avoir fort à faire, se battre, défendre la belle et l’opprimée, chercher un trésor sans appât du gain. Pour la sortie de l’album Juan Díaz Canales a répondu aux questions de ligneclaire.info. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.

Juan Díaz Canales, un Corto plus compliqué à faire que le premier ?

Oui, c’est toujours difficile, le pari est risqué de continuer à raconter les aventures de Corto. Le personnage est compliqué sur le plan technique. Il y a une chronologie et l’histoire se déroule dans un endroit précis. Il faut être attentif. Du côté créatif cela continue à être un cadeau car on a une grande liberté d’écriture.

On retrouve Pratt avec plus de force.

C’est une sensation qui vient du fait que l’action se passe dans des endroits très chers à Pratt. L’Afrique lui tenait à cœur et c’est une sorte de clin d’œil qu’on lui a fait.

L’ambiance est aussi caractéristique.

Cela vient aussi de la présence plus forte de l’aspect littéraire avec Monfreid, un aventurier lui-même, et auteur des Secrets de la Mer Rouge, exemple de ce que Pratt aimait lire.

On est avant le Soleil de minuit ?

Oui en 1911. Il faut éviter des conflits avec des albums de Pratt. Ce serait compliqué de traiter la Grande guerre par exemple. Il y avait un espace blanc dans la chronologie entre la guerre russo-japonaise et La Balade de la mer salée. Il y a beaucoup de choses à faire dans cet espace.

Juan Díaz Canales, un scénariste qui a su redonner vie à Corto. JLT ®

Winston Churchill apparait dans l’album. Vous aimez utiliser les personnages historiques comme Pratt le faisait ?

Pour moi c’est important d’avoir ce parti pris narratif pour donner un sens à l’histoire, lui donner un sens politique. Dans le cas de Churchill cela tombait bien car à l’époque il était en Afrique et avait été fait prisonnier par les Boers en Afrique du Sud. Je ne force pas la situation mais je cherche la bonne piste. Et Churchill était parfait dans le cadre de l’action.

Corto est plus actif dans Équatoria. Il a sur la couverture un petit côté cow-boy, plus punchy ?

Oui c’est voulu mais après le Corto romantique, charmant, élégant, on oublié parfois ce côté aventurier que l’on trouve dans les histoires de Corto aux Caraïbes, en Sibérie, en Amérique du Sud. Il y a de la bagarre et on a mis en avant cela pour bien définir le personnage.

Trois femmes croisent sa route. Corto est un solitaire qui se cherche ?

C’est souvent délicat les personnages féminins. Il fallait qu’elles aient du caractère et auraient mérité des histoires à elles. Corto, c’est un séducteur et il faut trouver le bon équilibre. Il apprécie les femmes comme quelqu’un qui va l’accompagner dans ses aventures.

Vous êtes pour le scénario aussi en parfaite complicité avec Pellejero ?

Oui on travaille sur l’ensemble du sujet et je propose l’histoire. Si on est d’accord je commence le découpage, les dialogues et on échange au fur et à mesure toujours en contact. Rubén travaille de façon traditionnelle sauf la couleur en numérique.

Vos dialogues sont parfois difficiles à venir ?

C’est très variable. Les textes viennent naturellement mis cela peut-être aussi difficile. Je dois parfois les retravailler comme pour le découpage et c’est compliqué. J’ai eu du mal à démarrer au début mais en avançant j’augmentais la vitesse et l’ensemble du récit est plus carré que celui du tome précédent.

Rubén Pellejero a pris en main avec bonheur et au dessin le destin de Corto. JLT ®

Vous avez déjà une idée pour le troisième ?

Non, on ne sait pas pour le prochain. On va d’abord tourner en promotion et avec Rubén on en profitera pour travailler sur la suite.

Vous êtes tendu quand un de vos albums sort ?

Oui, il y a toujours un peu de stress avec chaque album, Corto comme pour Blacksad. On se demande si on a fait un bon travail. Un scénariste est solitaire. Avec Corto c’est pareil, on est fier de ce que l’on a fait mais c’est le public qui va décider. On verra. Il fallait trouver l’esprit de Pratt et on est plus à l’aise désormais avec le personnage.

Corto Maltese, Tome 14, Équatoria, par Rubén Pellejero et Juan Díaz Canales, Casterman, 80 pages couleur, 16 €

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