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L’Âge d’or, épopée médiévale et enchantée

Il y a eu Portugal, Sérum. Cyril Pedrosa sait séduire dans la plupart des registres. Avec Roxanne Moreil, il co-signe un scénario fantasque, médiéval et aux légendes enchantées qui repose sur la violence et la haine, la trahison. L’Âge d’or est un ouvrage enluminé comme ceux des moines dans leurs abbayes. On y parle de nobles, de manants, d’héritage et de pouvoir. Pedrosa le troubadour conte sa chanson colorée mais sans pitié. Une œuvre splendide, importante et au charme certain qui devrait imposer ce premier tome d’un diptyque parmi les meilleurs albums de l’année. Ceux qui font aimer la vraie BD.

Ils sont tous là pour le sacre. Bertil et Tankred sont au château du bois d’Armand où le roi se meurt. Loys de Vaudémont va tirer les ficelles d’une course à la succession truquée. Celle qui devrait être reine c’est la princesse Tilda qui connait les affaires du royaume. Sa mère joue la carte de son jeune frère. Tilda a un malaise et Tankred lui vient en aide, fidèle parmi les fidèles. Tilda lui raconte combien le royaume se porte mal, saigné par les nobles. Des révoltes grondent. Tankred lui apporte une lettre du seigneur Albaret. Devant la dépouille du roi son père, la jeune femme est arrêté par les hommes de son frère choisi par ses pairs. Tilda va être exilée. Pendant le voyage elle est libérée par Tankred et Bertil mais elle est blessée. Après une course éperdue dans une forêt majestueuse Tilda a une vision d’elle en armure sur un cheval. Mais la fièvre la prend. Elle se retrouve dans un curieux village défendu par des femmes. Tilda est intriguée par le lieu, ses habitantes et leur chef mais leur cache son identité alors que ses deux amis sont eux aussi amenés dans le domaine.

On sait que Pedrosa a travaillé dans l’animation, chez Disney. L’influence est évidente dans L’Âge d’or, que ce soit dans les décors ou les personnages à la Belle au Bois Dormant. Mais ce n’est qu’une influence car le talent de Pedrosa lui est propre pour cette fresque flamboyante de plus de deux cents pages. L’Âge d’or, on le découvre, serait un texte, récit de l’histoire des hommes. On n’est pas dans Robin des Bois et Tilda n’est pas Lady Marian, encore que. Tilda apporte le chagrin avec elle. Des pages panoramiques scandent le rythme du récit. Le spectre la guerre plane et Tilda est prise au piège de ses envies de justice. L’épopée est longue, construite, mystique aussi, bourrée de péripéties, de questions, féministe. Et si, au bout de la route, il y avait l’arche d’alliance ? Impressionnant, élégant et habité. A suivre.

L’Âge d’or, Tome 1, Dupuis Aire Libre, 32 €

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