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Les 100 derniers jours d’Hitler, Allemagne nazie ou pas

C’est Jean Lopez chez Perrin qui a écrit cet ouvrage de référence très détaillé, un éphéméride documenté à l’extrême sur Les 100 derniers jours d’Hitler. Jean-Pierre Pécau l’a scénarisé, adapté avec au dessin Senad Mavric et Filip Andronik. Dire que l’on est stupéfait, horrifié est d’une rare banalité. Mais hormis le personnage de Hitler dont on sait à peu près tout c’est de l’Allemagne et des Allemands dont il est vraiment question sur ces 100 jours d’agonie du Reich qui ira jusqu’au bout de sa folie. On parle de nazis, certes, d’Allemagne nazie, oui, mais on a rapidement tiré un trait sur l’acceptation en connaissance de cause, parfois voulue de ce que la nazisme, régime légalement choisi en 1933 a fait des Allemands. Quelle a été la résistance active contre Hitler hormis l’attentat en août 44 de Stauffenberg ? Oui il y a les SS, la Gestapo, les dirigeants aux ordres, mais aussi des civils justiciers qui tuent, exécutent, chassent des évadés. Et pour avoir vécu enfant trois ans au tout début des années soixante en Allemagne, sans juger, on ressentait encore parfois une réelle nostalgie hypocrite du Reich même vaincu. Sans oublier une visite du camp du Struthof, marqué par l’horreur à dix ans qui m’a empêché de dormir plusieurs jours. La seconde guerre mondiale est ainsi devenue dès mon plus jeune âge une passion historique. Question de génération et chance d’avoir pu côtoyer, interviewer ceux encore jeunes qui avaient vécu cette guerre aux monstruosités inimaginables. Les 100 derniers jours sont à lire pour faire acte de mémoire pour les plus jeunes afin qu’aucun révisionnisme ou régime similaire ne puisse se mettre en place à nouveau.

Lundi 15 janvier 1945, Hitler gère tout, se passe de l’avis de ses généraux et rentre à Berlin au lieu d’aller se réfugier dans les Alpes bavaroises au Nid d’aigle. Médecin qui le dope, Keitel, Jold, Speer, Hitler ne croit pas aux 8500 chars US qui sont aux portes de l’Allemagne. Le mercredi 17 janvier un raid aérien détruit 50% de Magdeburg. Varsovie est aux mains des Russes, Hitler fait fusiller les officiers qui évacuent. Le 19 janvier Eva Braun s’installe à la Chancellerie dans le bunker sous-terrain où elle mourra. Les Russes le détruiront pour qu’il ne devienne pas un lieu de culte. 20 janvier les civils allemands partent sur les routes de Breslau sous le feu des canons soviétiques. 7 millions de réfugiés en mars. 21 janvier Quisling ministre président nazi de la Norvège propose à Bormann et Ribbentrop une conférence à Vienne pour toutes les nations d’Europe. Utopie car les Alliés n’ont qu’un but, la capitulation sans condition du Reich.

De Himmler à Goering, ils vont croire encore jusqu’en mai à une paix négociée. Pour Hitler si le Reich sombre, les Allemands doivent aussi disparaître. Armes secrètes, V2, propagande d’un Goebbels qui fera tuer ses enfants et se suicidera avec sa femme, des déportés qui meurent par milliers dans des marches forcées ou abattus, Berlin à moitié rasé par les raids, on découvre un très grand nombre d’informations en plus des connues. Heinz Guderian s’oppose à Hitler et joue sa peau. Il veut repousser les Russes pour avoir le temps de négocier avec les anglo-américains. Le dessin est d’un réalisme brûlant, précis. On ne peut compter les atrocités de tout bord, SS en tête, civils, membres du parti avec pourtant une armée qui se bat car elle sait que c’est désormais le sort de l’Allemagne plus que du nazisme qui se joue. Un album impressionnant.

Les 100 derniers jours d’Hitler, Delcourt, 19,99 €

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  • Superbe ouvrage qui, en plus des infos déjà connues, en apporte de nouvelles (pour ce qui me concerne). Le découpage par journée est parait pour mesurer la tension dramatique qui s'est jouée au cours de cette période, les insertions de scènes éclairent parfaitement la folie paroxysmique de ces ultimes jours. Quant au dessin et à la mise en couleurs, ils sont parfaits et soulignent l'ambiance.
    Je ne peux m'empêcher de rapprocher cet album du film "La Chute" d'Olivier Hirschbiegel avec l'impeccable Bruno Ganz dans le rôle d'Hitler, bien que le film fût surtout concentré sur la vie dans le bunker lors des derniers jours.

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