Anthony Pastor avait été présélectionné en 2011 pour Angoulême. C’était pour Las Rosas. Il revient avec un récit atypique, prenant, étonnant et d’une rare force. Le Sentier des reines est une histoire de femmes, dans un univers glacé et sans pitié. On est en 1919. La Savoie c’est le bout du monde. Et pour en partir pas simple mais c’est le prix de la liberté.
Elles sont veuves Pauline et Blanca. Leurs maris sont revenus de la guerre mais pour mieux mourir dans une avalanche. Alors elles partent du village, sans regret de part et d’autre, emportant leur mercerie et des tissus pour vendre sur la route qui doit les mener vers la vallée. Avec elle il y a Florentin, jeune garçon qui est amoureux de la belle Pauline. Commence alors une longue marche dans la montagne, dans la neige. Elles vont croiser le chemin d’un ancien poilu compagnon du mari de Blanca. Dès lors leur destin sera lié pour une sordide affaire de prise de guerre, une montre en or que Blanca voudra à tout prix, quand elle la retrouve rendre à la veuve de son propriétaire.
C’est un tout ce Sentier des Reines. Une cavale de femmes qui en ont marre d’être les esclaves muettes d’une société qui les méprise, une belle histoire d’amour et de tendresse, une leçon d’espoir et de courage, Pastor a écrit et dessiné un vibrant hommage humain. La liberté est bien au bout de la route. Bouleversant et parfaitement construit par Pastor.
Le Sentier des Reines, Casterman, 20 €
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