Un polar ethnologique, écolo et nordique, Anthony Pastor a créé de toutes pièces un pays fictif, un archipel paumé où va se jouer une lutte sanglante entre traditionalistes et progressistes. Le tout sur fond politique à tendances extrêmes. Le Vukland abrite les Kiviks, un peuple autochtone qui ne veut pas se laisser déposséder de sa culture. Avec No War, Pastor est dans la plus pure tradition des récits tels ceux de Ian Manook avec Yeruldelgger. En prime, on a un mystérieux minerai et des cadavres qui vont s’accumuler dès ce premier tome.
Avec son oncle, un vrai Kivik, Run dont le père, Georg, est un étranger à Vukland découvre un cadavre dans la toundra. L’homme, l’ingénieur en charge du futur barrage qui va venir recouvrir une partie des terres sacrées de Kivuks, a été abattu d’une balle dans la tête. A ses côtés, Run trouve dans un Thermos une des pierres mystérieuses selon les habitants aux pouvoirs médicaux. Run est rejoint pas son grand-père et sa mère, Valka. Ses parents sont divorcés. L’élection du nouveau président Pürsson est soumise à caution. Des manifestations ont lieu. Brook tague les murs contre le nouveau président. La guerre civile est proche. Des extrémistes accumulent les actes racistes. Georg et Valka s’affrontent sur l’utilisation potentielle des pierres sacrées, les kafikadiks, potentiellement dangereuses si on les déplace ou on les touche.
Un polar glacial dans tous les sens du terme. Le trait de Pastor est lui-aussi froid, comme le récit. On se laisse toutefois embarquer par l’action. On veut savoir qui tire les ficelles de ce drame à rebondissements spectaculaires. Auteur de l’excellent Sentier des reines, Pastor a su bâtir un environnement crédible et qui fonctionne pour son héros Run. Il y ajoute une part de fantastique que l’on appréhendera mieux dans le tome suivant. Suspense oblige.
No War, Tome 1, Casterman, 15 €
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