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Un Matin de ce printemps-là, quand la dictature sévissait en Corée du Sud

Park Kun-Woong avait signé le remarquable Livre de Jessie. Si on parle de Corée c’est celle du Nord qui retient toute l’attention en raison de son régime terrifiant depuis la guerre qui a coupé ce pays en deux au début des années 50. Sans oublier ce que le Japon a fait aux pays qu’il occupait pendant le second conflit mondial, des atrocités sur lesquelles on a jeté très vite un voile impudique. Raison d’état américaine. Avec Un Matin de ce printemps-là, Park Kun-Woong passe au Sud si l’on peut dire, à une Corée qui est aussi une dictature à l’époque et revient sur les évènements de 1975 où huit innocents ont été froidement et sans preuves exécutés sous prétexte d’avoir participé à un complot sur ordre de la Corée du Nord. Le Comité pour le rétablissement du Parti révolutionnaire populaire devait être éliminé de Corée du Sud. Un ouvrage fort et troublant.

Le 9 avril 1975, ils sont huit à être pendu à Séoul. En mai 1961, un coup d’état militaire, une révolution selon l’armée, se mobilise pour lutter par tous les moyens contre le communisme, et réunifier la Corée. Park Chung-Hee devient le dictateur du pays et sera assassiné en 1979. Mais avant que la démocratie ne revienne, il va y avoir une politique de terreur contre toute personne soupçonnée de communisme. Le capitaine Park est chargé des services religieux et à ce titre va assister à la mort des condamnés par le régime impliqués dans ce que l’on appelle des incidents du PRP, le Parti révolutionnaire populaire. Se battre contre la toute puissance des militaires était le crédo de ces hommes au demeurant innocents, choisis au hasard pour terrifier un peuple coréen qui commençait à se révolter.

Ce sont les portraits très détaillés de ces huit victimes, de leur familles, que trace Park Kun-Woong. Police politique, intimidation des familles, procès à charge bâclé, sentences de mort systématique, on les considère comme des agents du Nord et sympathisants à travers le parti auquel ils appartiennent. L’auteur démonte le procédé et conclue l’ouvrage par un dossier qui confirme aussi que le talent graphique (des personnages sans visage) de Park Kun-Woong s’associe parfaitement à son soucis de rétablir la vérité sur l’histoire de son pays.

Un Matin de ce printemps-là, Éditions Rue de l’Échiquier, 24,90 €

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