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Gueule noire, l’espoir de jours meilleurs

Un voyage sans concession chez les mineurs de fond du nord de la France, à une époque où le charbon est roi, et les hommes esclaves dans les mines, Gueule Noire raconte le destin brisé d’un jeune garçon qui ne pourra éviter de descendre dans les galeries. Quand il s’en échappera ce sera pour aller vers pire encore. Antoine Ozanam signe le scénario bourré de désespoir de cet album que dessine d’un trait à la fois sobre mais percutant Lelis spécialiste de la couleur directe comme encrage. Le résultat est stupéfiant.

Marcel a atteint l’âge légal où un jeune garçon peut descendre dans la mine. Comme son père qui l’y oblige ou son frère qui y est déjà. Marcel devient ami avec le jeune Jacek à qui il confie que dès qu’il peut il s’échappera. Jacek part avant lui mais Marcel tombe amoureux de Suzanne qui n’accepte pas de le suivre. Alors après avoir été blessé pendant un coup de grisou, Marcel dont le père a été tué part à Paris, abandonnant sa famille. Commence alors une vie de misère, dure mais qui au moins est en plein air. Ouvert aux idées socialistes, Marcel retrouve son copain Jacek devenu un chef de bande, anarchiste et cambrioleur. Marcel se joint à lui tout en continuant à être chevillard aux abattoirs.

On y croit ferme à ce Marcel, idéaliste qui n’a rien à perdre et qui pourtant reviendra aux sources après avoir pratiquement tout vécu. Anarchisme, lutte contre l’oppression du capital, des jours meilleurs, on est dans ces années du début du XXe siècle où l’impossible est encore possible mais où la guerre, la grande, va sonner les trois coups d’un carnage et d’une révolution industrielle, sociale, sans oublier une grande révolution et quelques petites. Marcel, il s’en moque, il veut vivre. Petits métiers qui dureront jusque dans les années trente, la mine sauvage et dévoreuse d’hommes jusque dans les années 70, Gueule Noire a du Zola au fond de la gorge. Un découpage bien fait, et un dessin qui embarque dans une sorte de film en noir et blanc magique et désespéré.

Gueule Noire, Casterman, 18 €

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