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Voltaire amoureux, c’est pas la faute à Rousseau

« Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau. » On les connait tous ces paroles de Gavroche dans les Misérables. Hugo les a rendu immortelles. Mais qui était vraiment Voltaire ? L’aimable vieillard au look d’empereur romain ou le fringant jeune homme, brillant, séducteur ? Clément Oubrerie a choisi. Voltaire amoureux est le titre de la première partie de l’œuvre qu’il consacre à François Marie Arouet vrai nom de l’écrivain. Un garçon qui ira loin, pas simple parfois mais le grand esprit de son siècle et dont on se revendique toujours aujourd’hui. Esprit des Lumières qui incitera à la Révolution, arriviste aussi imbu de lui-même, embastillé, Voltaire courtisera les puissants et sera un Zorro vengeur avec l’affaire Calas. On retrouve avec un grand plaisir après Isadora Clément Oubrerie en solo, texte soigné et inspiré, dessin léger et séduisant.

Il se laisse aller au pamphlet Arouet et sous la Régence ça peut coûter cher. A la Bastille en 1718 il s’ennuie. Son père veut en faire un notaire et on le libère. Agaçant le bougre dans un Paris maussade. Il découvre que c’est son ami Beauregard qui l’a dénoncé. Il écrit Œdipe et donne le rôle à la belle Desmares. Succès mais il tombe sous le charme de la maréchale de Villars dont le mari est à la guerre. Toujours rebelle il se fait quelques ennemis de plus. Il a la langue trop bien pendue et fréquente les salons. Angélique la maréchale a envahi son cœur. Il est le rival de Corneille mais sa position face à l’église catholique le met en difficulté. Il croit à un grand horloger mais pas aux superstitions de l’église. La Bible, un tissus de contradictions. Il retrouve Suzanne son ancienne maîtresse à qui il confie un rôle dans Artémire et se fait un ennemi de poids, le comédien Poisson.

Il est bien parti Voltaire, sorte de bobo branché de l’époque en plus doué intellectuellement que les nôtres. Il va être plus ou moins déshérité par son père. Il voudra faire le politique, l’entremetteur. Il aime les femmes et elles lui rendent bien. Il se fera bastonner. Comme il est poète les coups de bâton sont dans l’ordre des choses comme lui dira le régent. Clément Oubrerie en trace un portait sympathique, celui d’un esprit brillant, primesautier. L’Europe en fera son emblème. Il s’engueule avec Rousseau. On verra par la suite qu’il sera le mentor du roi de Prusse, sévira à Ferney. Oubrerie a bien monté son affaire. On l’accompagne sur les traces d’un Voltaire humanisé, colérique mais génial. Un voyage qui commence bien.

Voltaire amoureux, Tome 1, Les Arènes BD, 20 €

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