Et les revoilà, pas confinés pour un rond, allègres et flambants presque neufs. Le trio le plus en jambe des seniors de la BD est de retour. A l’appel pour ce tome 6 des Vieux Fourneaux, Pierrot, anar dans l’âme et dans le texte, Antoine, jardinier et bon cœur et Mimile qui fait dans l’internationale écolo côté Guyane. Ils vont sortir de leur nid douillet à l’appel d’une aventure à la fois sociale, verte et amicale. Va y avoir des retrouvailles, le trésor du pirate et un singe farceur. Wilfrid Lupano et Paul Cauuet ont mis deux ans à renvoyer aux charbons le trio infernal, les Pieds Nickelés du quatrième âge. On les récupère encore plus accrocheurs, entiers, bougons que d’habitude. Lupano socialise le débat mais cela n’a rien de vraiment étonnant. On fait dans le militantisme pur et dur avec des sentiments, du dépaysement et plein d’infos pertinentes intéressantes.
Il casse du flic Pierrot. Enfin pas vraiment méchamment mais dans l’efficace, façon danger public volontaire et avec les copains, anar un jour c’est pour toujours. Ni Yeux ni maître. Quand enfin il répond à Antoine au téléphone, c’est pour apprendre qu’il est invité en Guyane. Surprise que leur fait Mimile mais avant il va y a avoir l’aéroport, la police des frontières qui l’épluche le Pierrot. Arrivée à Cayenne et pirogue pour Apatou. Du lourd pour Mimile qui râle mais finit par se faire une raison. L’intolérant au libéralisme va adorer la jungle, ses moustiques et surtout un singe-araignée qui lui rappelle sa mère. Pas à Pierrot, au singe. Reste plus que Mimile débarque flanqué d’Errol, des vieux marins et de la vieille qui ont un projet et rêve d’enfance à leur proposer de réaliser de concert.
Sophie fait même de la figuration dans un conte édifiant à la façon de Rackam le Rouge. Il y a des emplumés difficiles à plumer. Leçon d’économie, la nécessaire et l’autre, la capitaliste, des retrouvailles de jeunesse militante, de l’or, le mercure, Lupano engage le fer et ses trois héros dans un combat d’autochtones. Un peu démonstration qui permet d’en apprendre de pas belles, certes, mais heureusement qu’il y a le singe. La parole est à la forêt d’automne. L’oreille n’est pas cassée mais bouchée. Cauuet est égal à lui-même, parfait avec son crayon magique. Allez, on ne boude pas notre plaisir.
Les Vieux Fourneaux, Tome 6, L’Oreille bouchée, Éditions Dargaud, 13 €
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