C’est une œuvre posthume d’un grand scénariste trop tôt disparu, un maître en Histoire, la grande qu’on avait eu la chance de rencontrer pour animer ensemble un débat sur BD et Grande Guerre à Montpellier. Patrice Ordas avait signé L’Ambulance 13 bien sûr et revient avec Le Journal qui raconte les débuts de la presse et ceux des États-Unis pendant la guerre d’Indépendance et ensuite une institution qui sera un pouvoir imparable du Water Gate à la Guerre du Vietnam. On va donc suivre dans le Journal Nathan Prius, journaliste, soldat, premier correspondant de guerre, mais surtout un défenseur de l’objectivité et de la morale qui feront la force de cette presse écrite qui aujourd’hui décline doucement malheureusement. Au dessin Philippe Tarral qui a travaillé sur la série Les Compagnons de la Libération. A noter que l’histoire du Liberty Sentinel est librement romanesque, les deux plus anciens journaux US toujours en activité sont The New Hampshire Gazette (fondé en 1756) et The Hartford Courant (1764 le plus ancien quotidien). Le premier créé serait en 1690 à Boston le Publick Occurrences Both Forreign and Domestick.
Octobre 1781, Yorktown en Virginie, La Fayette s’adresse à un de ses hommes qu’il voit écrire et lire. Il lui dit tenir un journal le Liberty Sentinel et se nomme Nathan Prius. La Fayette s’engage à lui rembourser plus tard le journal qu’il lui achète. A Richmond il y a un journal, le Richmond News tenu par par Ellis un pro-anglais qui n’aiment pas ces rebelles qui viennent de gagner la bataille. Jaloux aussi du Liberty Sentinel. Son imprimeur quitte Ellis qui affronte Prius toujours son employé et s’est approprié le succès du Sentinel. Mais pour faire un journal il faut papier, imprimerie et presse. Ellis a porté plainte contre Prius pour violence. Il écope d’un an de prison et aura toujours en tête de se venger de cet homme malfaisant. Mais le Liberty renait de ses cendres. Avec Abraham Monroe (on dirait Jean Rochefort) Prius a sa première commande et d’autres arrivent. L’amour en prime.
On retrouvera un La Fayette fidèle à sa parole, la volonté sans faille d’un Prius qui fera passer la vérité avant tout, ce qu’il payera face à son vieil ennemi Ellis, y perdra sa femme. Une saga qui montre qu’on n’emprisonne pas un idéal, que la liberté sera toujours la plus forte à condition de ne pas s’arranger avec elle. Un album coup de poing à l’image des convictions de Patrice Ordas avec un dessin de très belle tenue, un peu à la Delitte ce qui est un compliment.
Le Journal, Tome 1, Les premiers mots d’une nation, Grand Angle, 14,90 €
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