Le projet date de 2012. Marc Omeyer, scénariste formé à l’écriture cinématographique dont c’est la première incursion dans la BD, et Olivier Berlion (Le Juge, Tony Corso) sont aux commandes. L’Art du crime raconte neuf intrigues qui ont toutes en commun d’avoir comme thème un des arts majeurs. Des histoires hors normes indépendantes, noires, mais qui pourraient bien avoir un lien. Lequel ? Le narrateur, les faits, les époques ? Allez-savoir. Berlion et Omeyer, avec les deux premiers albums, tirent en finesse les ficelles d’une dramaturgie surprenante et séduisante. Cet article est aussi au sommaire du mensuel ZOO d’avril.
Jean-Laurent TRUC
Ils se sont rencontrés par hasard dans un festival en 2012 et ont sympathisé. Marc Omeyer a raconté à Olivier Berlion une drôle d’histoire qui l’a emballé sur des planches de BD disparues et dans la foulée une seconde sur un peintre dont le génie ne pouvait s’exprimer que si il tuait. « J’ai eu une évidence », intervient Olivier Berlion. « Il fallait explorer les autres arts de cette façon, en aborder toutes les facettes, parler d’un producteur comme d’un auteur, d’un critique ou d’un fan, en faire un ensemble cohérent ». L’Art du crime venait de naître. « On a trouvé le titre rapidement » ajoute Berlion. Marc Omeyer écrit des scénarios depuis toujours, une passion très liée au cinéma. « Avec Olivier on a vraiment monté un projet d’auteurs. Le cœur de nos histoires c’est l’écriture qu’il fallait travailler avec patience. On a écrit les pitchs en quelques mois. Neuf crimes, neuf histoires, neuf arts, neuf albums. Olivier avait parfaitement senti la ligne éditoriale». Omeyer et Berlion ne se sont rien interdits, se baladant à travers toutes les époques, de la Grèce antique pour la sculpture aux Pirates des Caraïbes pour l’architecture, à la Russie tsariste pour la poésie, s’appuyant parfois sur des faits historiques. « On a beaucoup peaufiné la cohésion des récits » se souvient Berlion, écrivant plusieurs versions si nécessaires. « Il fallait que ce soit émotionnellement parfait. Que toutes les pièces trouvent leur place. J’avais moi plus d’expérience pour la mise en page». Marc Omeyer parle lui de « fluidité et un critère simple : une bonne idée s’impose à tous ». Dernier obstacle, trouver un éditeur. Glénat a été emballé par L’Art du crime. L’aventure pouvait commencer.
L’idée de départ est primordiale
Deux albums sortiront en avril. Le premier, Planches de sang, est dessiné par Olivier Berlion. « C’est l’éditeur qui me l’a demandé alors que j’étais beaucoup plus axé sur la co-scénarisation avec Marc. Je ferai aussi le dernier ce qui correspond à une certaine logique que l’on découvrira ». Le rythme de parution sera de deux albums tous les six mois. Le tome 1, Marc Omeyer le définit comme « fondateur. Le second qui est dessiné par Éric Stalner donne le ton de la ligne éditoriale ». Après Stalner il y aura pour les autres albums Eric Liberge, Pedro Mauro, Karl T, Fabrice Druet, Marc Bourgne et Steven Lejeune. Un album par auteur. Dès le départ Omeyer et Berlion voulaient que chaque album ait sa signature propre. « Je découvrais une écriture très différent de celle du cinéma », avoue Omeyer. « En BD l’idée de départ est primordiale. Au cinéma c’est la fin et au milieu du récit il faut un évènement qui fait tout basculer. J’ai appris le découpage en BD et cela a été une révélation obligeant à revenir souvent sur l’écriture ».
Chaque album pourra se lire indépendamment des autres même si bien sûr on peut parler de fil rouge sous-jacent dès la fin du tome 1. Planches de sang racontent aux USA la traque par un fan dans les années soixante-dix des pages disparues et jamais publiées d’une BD mythique, La Piste de Mesa Verde. Rudi Fletchter ira jusqu’à tuer pour les retrouver, seul moyen pour lui d’être enfin libre. Façon de parler, on le verra. Omeyer et Berlion sont des scénaristes très astucieux, un des intérêts majeurs de L’Art du Crime qui, comme le dit Berlion, « n’est pas un concept classique. Il y a du suspense, une ambiance polar mais c’est un ensemble ». « Pas un feuilleton » comme le précise Omeyer. Christian Favrelle a donné aux couleurs de l’album une belle ambiance comics.
Avec Éric Stalner pour Le Paradis de la terreur, le tome 2, un peintre ne trouve l’inspiration et le talent que grâce au meurtre. Jusqu’où ira-t-il dans ce Paris du milieu du XIXe où il est devenu un génie de la peinture ? Art créateur et violence s’opposeront au long des neufs albums. Omeyer et Berlion se sont laissés porter par le projet. « On a évacué nos tic respectifs pour trouver une écriture commune, accorder la musique avec les dessinateurs pour les laisser s’exprimer ». La partition est réussie. Berlion sortira aussi en avril le tome 2 du Juge. Quant à Marc Omeyer on devrait le retrouver très vite sur d’autres titres BD.
L’Art du crime, Tome 1, Planches de sang, par Olivier Berlion et Marc Omeyer, Glénat, 48 pages couleur, 13,90 €
L’Art du crime, Tome 2, Le Paradis de la terreur, par Éric Stalner, Olivier Berlion et Marc Omeyer, Glénat, 48 pages couleur, 13,90 €
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