Olivier Grenson et Niklos Koda avec Jean Dufaux pour le scénario forment un trio inséparable depuis 1999. Koda, le maître magicien, ancien agent des services secrets français, atteint le sommet de sa puissance dans le tome 14 de ses aventures. Un sommet certes mais non sans dangers. Il reste à Niklos Koda un volume pour livrer tous ses secrets. Olivier Grenson anticipe sur la fin de la série prévue avec le quinzième tome. Il parle également de ses futurs projets. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC. A lire aussi sur cultureBD.
Olivier Grenson, quel effet cela fait de se dire que le héros que l’on dessine depuis des années va arrêter ses aventures ?
C’est une vraie fin à tout point de vue. Il le fallait. On a travaillé sur cette série pendant des années et il arrive un moment où il faut savoir boucler une histoire. Pour permettre aussi aux lecteurs de lire toute l’histoire en quinze albums. La série est découpée en environ trois chapitres de cinq albums. Il fallait amener Jean Dufaux à refermer des portes. Mais c’est une série très attachante. La force de Jean est de déstabiliser le lecteur : c’est son propre côté magicien.
Des portes, Jean Dufaux en ouvre toujours beaucoup dans ses histoires.
Il en ouvre tellement mais c’est son « trip ». Il n’avait pas trop envie de les fermer en particulier avec Niklos Koda.
Il y avait beaucoup de pistes encore possibles. La fille de Koda, Séléni, peut-elle devenir l’héroïne d’une suite future ?
On sent parfois que les personnages secondaires pourraient prendre la relève. On l’a vu dans Thorgal mais ce n’est pas notre but dans Koda. Si un jour on veut aller plus loin on pourra le faire. Notre but a été avant tout de faire vivre beaucoup d’aventures à un personnage et que cela se termine. Tout ne sera pas expliqué : au lecteur de se faire ses propres idées sur certains points.
On a vu dans le tome 14, Le Spiborg, une grande part de fantastique, encore plus d’ésotérisme et en plus Koda est aussi capable d’actes violents.
Dans ce quatorzième album, on a l’explication du Spiborg dont on parle depuis le tome 8. On a enfin le flash-back qui explique tout sur le sujet. Koda veut être l’ultime magicien, le plus fort au monde. Et les secrets qu’il veut décrypter se trouvent dans le mystérieux sixième livre et le Spiborg. Niklos devient le Spiborg, entité diabolique, ce qui est une métaphore. Le scénario est ensorcelant au point qu’on sent le paroxysme final approcher.
Koda devient une sorte de monstre tout puissant ?
Oui c’est à la fois positif et négatif. Il n’y a pas de magie blanche ou noire, tout dépend de la façon dont on l’utilise.
Le côté noir de Koda
Niklos Koda et sa fille, Séléni, et lui sont confrontés à des situations extrêmes…
Ils sont confrontés à des puissances terribles qu’ils doivent combattre. Il y a le côté noir de Koda. Jean Dufaux a volontairement fait appel à des réminiscences de Star Wars, le basculement vers le côté obscur.
Mais Koda peut être sauvé ?
Ce sera l’objet du quinzième et dernier tome. Comment s’en sortira-t-il ? Comment sa fille va le protéger ? Elle a mûri très vite. Va-t-elle y arriver ?
Koda pourrait revenir à des sentiments plus humains ?
Son histoire d’amour, par exemple, ne peut pas se réaliser. Il est envahi par l’envie du pouvoir. Antioche, on le sait, est son mentor. Cet homme qui incarne la sagesse, le garde-fou, se retrouve face à Séléni qui le dépasse. Koda et sa fille savent très bien manipuler les gens autour d’eux.
On se sent investi par un personnage comme Koda ?
Koda est un personnage qui me dépasse mais que j’ai toujours envie de maîtriser, à la manière dont on fait du rodéo avec un cheval sauvage. Je veux rendre au mieux les atmosphères que Jean veut faire passer dans son texte. J’y sens une part de surréalisme et un rythme très musical.
Dans ce tome 14 on découvre des pages sans texte, est-ce pour mieux appuyer la montée en puissance de l’action ?
Jean donne ses découpages et parfois j’ajoute des cases comme dans ces pages pauvres en texte. Elles me servent à bien marquer à la fois le jeu d’acteurs et de mise en scène. Je travaille sur un format A4 puis en A3, toujours de façon classique.
Le public de Koda a-t-il évolué ?
Il y a bien sûr les fidèles mais aussi une large part de nouveau public. Je suis toujours content quand des jeunes se passionnent pour la BD franco-belge. Après le manga, ils basculent souvent à 20-22 ans vers la BD. Cela dit, il y a beaucoup de choses à apprendre dans le manga, en particulier dans la narration.
Koda peut-il mourir ?
Il faut que le lecteur soit amené à se poser des questions. Qu’il se dise « vous n’allez pas oser le faire mourir ? » La réponse est : « pourquoi pas ? » On parle de la vie dans Koda donc de la mort. Qu’est ce que la mort pour un magicien ? Il y a illusion. Où finit la réalité et commence l’illusion ?
Il y aura un après Koda bien sûr ?
J’enchaîne avec le XIII Mystery, le dernier de la série qui est scénarisé par Van Hamme. Jean a dit qu’il avait le droit de prendre deux personnages pour un album, donc Judith la pharmacienne et Jessica la tueuse seront de la partie.J’ai par ailleurs écrit deux scénarios et ai aussi d’autres propositions. Ce que j’ai écrit est dans la lignée de la Femme accident et de la Douceur de l’enfer plus axé sur la psychologie des personnages, avec un fond historique et un côté conte philosophique. Mais pas de fantastique. Il me fallait un terrain nouveau pour passer à autre chose et pas obligatoirement une série.
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