Le nom claque comme une bourrasque tempétueuse, Zátopek reste l’un des plus célèbres sportifs, coureurs de l’Histoire. Au moins pour les spécialistes et pour ceux qui ont souvenir d’avoir entendu parler de lui en comparaison souvent avec son concurrent français tout autant mythique, Alain Mimoun. Mais que sait-on de ce champion hors normes qui aura fait toute sa carrière dans un pays sous contrôle communiste, la Tchécoslovaquie de l’après-guerre ? Un doué, un génie qui a su malgré ses dons imposer sa façon d’être, son caractère endiablé et puis gagner des médailles qui le mettaient aussi heureusement à l’abri des mesures répressives des dirigeants de son pays. On y ajoute une belle histoire d’amour et une véritable obsession de la victoire. Jan Novák et Jaromír 99 ont tracé un portrait saisissant de Zátopek, personnage à la fois simple mais compliqué. Une mise en scène à laquelle le dessin original, très affiche, de Jaromir 99 apporte beaucoup.
Il a un petit côté Forrest Gump, Emil Zátopek. Dès l’enfance. Il court mais ses parents veulent en faire un chimiste. On n’est pas très loin de la guerre et bientôt la Tchécoslovaquie va être aux premières loges. Pas vraiment concerné, Emil pendant l’occupation allemande participe à une course et se classe bien. C’est le docteur Haluza qui va l’entraîner de façon révolutionnaire. La vitesse est la base de tout. Zátopek progresse mais son père lui ordonne d’arrêter la compétition. En 1945 la Tchécoslovaquie va bientôt se convertir au communisme. Ce sera en 1948. Zátopek et Haluza continuent à courir, battre les records. Pour être pris en charge correctement Zátopek s’engage dans l’armée et devient officier. Il rencontre celle qui va devenir l’amour de sa vie, la lanceuse de javelot Dana Ingrová. En 1946 à Berlin c’est la consécration au championnat international des forces armées il gagne la médaille d’or. Son ami Haluza est arrêté par les communistes et envoyé en camp. Aux JO de Londres il remporte sa première médaille d’or sur 10 000 mètres.
La légende Zátopek est née. Se dépasser, aller plus loin. Impressionnant quand il impose à sa femme un entrainement terrible. Il mettra aussi tout son poids dans la balance, à ses risques et périls pour imposer que son ami Jungwirth puisse aller avec lui aux JO alors qu’on veut l’en empêcher pour des raisons politiques. Une volonté d’acier, Zátopek, inébranlable et d’une rare confiance en lui, certain de son talent de « locomotive », son surnom. Replacer à juste titre la carrière de Zátopek en pleine guerre froide permet de rebattre les cartes, de comprendre les pressions qu’il a pu subir comme la plupart des sportifs de l’Est, soviétiques compris. On vit avec lui et c’est ce qui fait la force de cette biographie riche en anecdotes. L’homme est au premier plan suivi par le grand champion. Ce qui était le bon choix.
Zátopek, Des Ronds dans l’O, 24 €
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