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150e anniversaire de la Commune, Le Cri du Peuple de Tardi et Vautrin remonté en intégrale grand format

Il y a 150 ans se déroulait l’un des plus sanglants et mythiques épisodes de l’histoire de France, la Commune de Paris. 1871, Paris se révolte à la chute du Second Empire. Jacques Tardi et Jean Vautrin avait publié sur le sujet Le Cri du peuple en quatre volumes au début des années 2000 dans un format à l’italienne à emboitage, une adaptation du roman de Vaurin paru lui en 1998. Tardi en avait déjà dessiné la couverture. Casterman ressort une superbe intégrale du Cri du peuple en grand format dont le remontage a été supervisé par Tardi en personne.

On se souvient que Le Cri du peuple est une enquête sur un meurtre, celui d’une jeune femme qui tient un œil de verre dans la main au tout début de la Commune et le refus des Parisiens de rendre armes et canons subventionnés par eux en 1870 pour se battre contre les Prussiens aux Versaillais de Thiers. Le commissaire Mespluchet va chercher l’assassin. Et un autre flic Grondin se mêler à la foule car il des comptes à régler. Mais en même temps l’armée monte vers la Butte Montmartre.

Vautrin retrace dans ce contexte tous les grands moments de la Commune, en fait un feuilleton inégalé que Tardi, comme il nous l’avait confié à l’époque, s’était fait un plaisir de dessiner. Un superbe moment en noir et blanc dont les planches en grand format aujourd’hui ont une force et une beauté qui prend aux tripes.

Vautrin pour Le Cri du peuple, Léo Malet et Nestor Burma, Siniac et Le Secret de l’Étrangleur, vous revenez quand même à votre héroïne, Adèle Blanc-Sec dont le neuvième album sort à la rentrée après neuf ans d’absence.

Un vrai besoin. Adapter les autres est trop reposant (NDLR: comme pour le Cri du peuple). On sait de suite qui est le méchant, l’assassin. Le tout dans une structure imposée. En fait, je crois que j’avais envie de me faire un peu peur en me replongeant dans un feuilleton écrit par moi qui à tout moment, par la volonté des personnages, pouvait m’échapper.

Jacques Tardi. JLT ®

Vous faire peur ?

Absolument. Je me piège moi-même. Et c’est jouissif. Je m’embarque dans une direction et je me retrouve exactement là où je ne voulais pas aller. Quelques fois la logique sort égratignée en faveur du rebondissement.

Vous avez toujours été dans votre élément avec le feuilleton en BD ?

Depuis longtemps je travaille sur ce style d’écriture même si aujourd’hui le format album s’est imposé car il n’y a plus de journaux vraiment dédiés à la BD, ni de publication en presse quotidienne pour un vrai feuilleton. Le feuilleton permet de travailler de multiples façons en débitant l’histoire au quotidien, en excitant l’intérêt du lecteur, imaginer qu’il va rebondir avec vous. Cela dit ne rêvons pas. Si on publiait Les Mystères de Paris de nos jours ils seraient illisibles tant Sue a tiré à la ligne.

Un feuilleton est plus simple à gérer, à écrire ?

Non car il génère cette angoisse du rebondissement dont je vous parlais et il doit intégrer deux pôles d’intérêt, divertir avec des histoires rocambolesques et vous permettre de vous exprimer, dire ce qui vous tient à cœur. Et c’est ce qui est difficile. Vous faites parler, agir des personnages dont tout vous éloigne parfois. Je vais me mettre dans la peau d’un flic par exemple, et ce n’est pas ma tasse de thé.

C’est une question d’honnêteté, d’objectivité ?

Je ne sais pas. Au moins de crédibilité. J’essaye de me mettre à la place du type, comment il va répliquer. On ne peut pas agresser le lecteur en étant partial même si on en a envie.

Vous avez aussi été souvent remarqué par la précision de vos décors, par vos ambiances.

Je repère les lieux en particulier dans Paris. Je fais le même itinéraire que mes héros. Je recherche les photos d’époque mais la précision a ses limites si elle me bloque. Souvent ce sont les lieux qui m’inspirent. Une question d’atmosphère en quelque sorte !

A cause du Cri du peuple, Burma avait changé de mains

« Je n’avais plus le temps de m’occuper de Burma, le privé de Léo Malet. » Un constat qu’a fait Tardi quand il s’est aperçu qu’il lui fallait quatre albums pour finir Le Cri du peuple de Vautrin puis Le Secret de l’Étrangleur d’après Siniac. D’où un Burma sous le crayon de Moynot. « Il m’avait dit que cela l’intéressait. A l’époque je n’avais pas donné suite. Je l’ai rappelé et il l’a fait mais rien n’empêche que je revienne un jour à Burma. »

Le Cri du peuple, nouvelle édition 2021, Intégrale, Casterman, 25 €

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