Un choix de trois cadeaux potentiels pour amateurs de BD, trois albums recueils qui peuvent se faire une place au pied du sapin. Deux classiques sont au programme avec Max l’Explorateur (Dupuis) et M. Poche d’Alain Saint-Ogan (Revival) retenu cette année dans la sélection patrimoine d’Angoulême. On y ajoute Un Bébé à livrer, le récit complet, de Benjamin Renner qui annonçait son best-seller, Le Grand Méchant Renard (Delcourt).
Avec Max l’Explorateur, on redécouvre Guy Bara et ses strips. Début des années cinquante, Max fait dans l’humour absurde, décalé. En saharienne et casque colonial, fonction oblige, il se balade dans les journaux et il lui arrive des aventures toujours incroyables. Noir et blanc, pas de dialogues, Max en trois cases vit un enfer rigolo et rien ne semble l’étonner. Témoin d’un monde qui lui échappe totalement, il subit, Max. Cerf-volant hamac, naufragé bien élevé, dompteur sans tête, il sera aussi une vedette du journal de Spirou. Un recueil de 258 strips qui se déroulent dans un format adapté avec une notice biographique, des repères chronologiques. Toujours aussi efficace et intemporel.
Max l’Explorateur, Dupuis, 55 €
M. Poche est un autre cas d’espèce. Alain Saint-Ogan, père de Zig et Puce a créé Poche dans les années trente. Il vit ses aventures dans Dimanche illustré supplément d’Excelsior. C’est un perdant M. Poche. Il se plante dès qu’il entreprend quelque chose. Bourgeois bon ton, il parle beaucoup, est prétentieux et n’en loupe pas une. Ce qui ne le décourage pas, arrogant et supérieur. Il va adopter un kangourou qui va lui faire voir les pierres. En fait, Poche c’est un abruti dont on peut se moquer. Mais aussi un poète surréaliste inconscient et drôle. Il sera pour les futurs dessinateurs un modèle. Saint-Ogan est le pionnier de la ligne claire. Redécouvrir en près de 200 pages son M. Poche est une occasion à ne pas manquer.
M. Poche, Revival, 29 €
Avant de signer le devenu mythique Grand Méchant Renard, Benjamin Renner lui avait ouvert la voie avec Un Bébé à livrer. Une cigogne se casse un aile et confie son paquet gigotant à un lapin pas doué et à un canard encore plus impotent. Sauf que le bébé ils l’ont et qu’il va falloir aller le livrer. Un petit cochon bien dodu se joint à eux. Direction Avignon, inconnu au bataillon pour les trois zozos. Quelques renards affamés, et une camionnette de boucher, la route va être longue et pas pavée de roses. De la bonne volonté mais des gaffes en chaine, ils perdent le poupon. Quand ils le récupèrent il faut le nourrir et changer sa couche. Ce qui pour un lapin, un canard et un cochon ne sera pas de la tarte. Tout l’humour et le dessin à la fois minimaliste, réaliste de Benjamin Renner. Une fête.
Un Bébé à livrer, Shampooing Delcourt, 19,99 €