Avec Les Pieds-Noirs à la mer, Fred Neidhardt avait signé en 2013 la chronique d’un drame annoncé avec beaucoup de sincérité, de talent et de justesse de ton. Il y avait déjà ces souvenirs, ces histoires, ces ressentis si difficile que peuvent garder au fond du cœur une famille de pieds-noirs. Cette fois Fred Neidhardt boucle le parcours. Alger-Retour c’est son expérience, son voyage vers cette Algérie on pourrait dire familiale qui va découvrir seul d’abord puis avec un père qui avait juré de ne jamais y retourner. Il y a 60 ans aujourd’hui le cessez-le-feu mettait au moins un terme à une guerre qui n’avait jamais dit franchement son nom, avait donné l’indépendance à un pays qui n’est toujours pas au bout de ses souffrances. Mais ce n’était pas pour autant qu’un trait allait se tirer, une gomme effacer des sentiments profonds d’amour et de haine qu’il va bien falloir intégrer, accepter, comprendre dans un esprit réciproque de justice et d’humanité.
2022 sur un coup de cœur, un Montpelliérain Daniel Rossi après avoir vu une photo d’Alger, part en Algérie lui le fils de pied-noir. Son père n’a pas voulu venir avec lui. Alors il découvre, s’initie, cherche l’appartement de ses parents rue Auber. C’est un prof qui y habite Haddad. Daniel tape à sa porte et lui montre les photos d’époque. Jean-Pierre c’est le prénom du père de Daniel. Ce qu’il lui dit de son Algérie se recoupe avec ce qu’il voit. Daniel avoue qu’il aurait voulu écrire. Daniel appréhendait la façon dont il serait reçu. Haddad parle des années noires de 90 et lui dit comment il est devenu prof. Visite d’Alger où les souvenirs de la guerre d’indépendance sont à chaque coin de rue. Des immeubles comme à Paris, haussmanniens, ou néo-mauresques. Et le souvenir de la fusillade de la rue d’Isly.
La chronique de l’Algérie d’aujourd’hui est concise, illustrée. Aussi bien politiquement, socialement, religieusement. Alger est le cadre de la photo, le décor. Ce qui est important ce sont les mots, le rendu, les dessins. Avoir livré l’Algérie à des ripoux, et un secret sur la famille avec une conscience verdâtre en forme de porcelet qui accompagne Daniel, on sait que ce voyage sera suivi d’une autre pour aller au bout. Une émotion sincère, simple et c’était difficile, Fred Neidhardt a réussi un bien bel album sur une page très complexe.
Alger-Retour, Marabulles, 16,90 €
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