La chronique sociale d’une Espagne en crise où les trentenaires galèrent comme des fous pour trouver ou garder un job minable. Nadar a tracé avec un réalisme objectif et sans concession le portraits de trois jeunes Espagnols dans Le Monde à tes pieds, la fin d’un univers qui est aussi le nôtre. On y ajoute un dessin de qualité, rehaussé, précis pour au final avoir un état des lieux qui effraie car le désespoir n’est pas loin et peut entraîner toute une génération vers des pentes politiques ou morales irréversibles. Une leçon de vie qui doit obliger à ouvrir les yeux même si c’est plus facile à écrire qu’à faire.
Carlos vend des fringues depuis six ans et son patron le méprise. Il est bardé de diplômes, ingénieur et ne trouve pas de travail en Espagne. C’est en Bosnie qu’on lui propose un poste mais il vit avec Diego qui est kiné et ne veut pas partir. D’autant que Carlos ne lui a rien dit de son projet. Tension et Carlos se souvient des années passées avec entre autres sa meilleure amie Myriam. David, lui-aussi surdiplômé est au chômage. Il s’occupe de son grand-père impotent et vit chez sa mère. David finit par répondre à une petite annonce sur internet et devient le gigolo d’une femme mûre et riche. Jusqu’au jour où il ne peut plus supporter sa prétention et son obsession pour l’argent. Il fait croire à sa mère qu’il a un emploi et continue sa carrière de prostitué. Enfin, encore plus combative et désespérée, Sara démarche des clients par téléphone et ne tient pas le coup. Elle vit avec Nico et a des parents très aisés qui ne comprennent pas son mode de vie et ses difficultés. D’où conflit ouvert.
Tout fonctionne dans ces portraits qui sont d’une rare authenticité. On garde espoir car il y a aussi de l’amour et de la tendresse malgré les tensions et les déceptions. Un ton juste et touchant.
Le Monde à tes pieds, La Boîte à Bulles, 20 €
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