En pleine actualité cette biographie de Poutine par un homme qui le connait bien, Andrew S.Weiss, très implanté dans les plus hautes sphères US sous plusieurs administrations. Tsar par accident, mythes et mensonges de Vladimir Poutine est brillant sur le fond et la forme. Brian « Box » Brown est au dessin, une ligne à la fois claire et très porteuse du discours, directe, efficace. Weiss décortique le mécanisme très russe qui a permis à un membre obscur du KGB, pas génial, de devenir un des maîtres du monde dans la plus pure lignée des tsars précédents, de Nicolas II, Lénine, Staline ou Brejnev. Sous estimer Poutine, et la Russie après la chute de l’URSS aura été l’erreur de la fin de ce XXe siècle où on s’est imaginé que la paix était désormais acquise. Le XXIe siècle aura dès le début prouvé le contraire. Poutine est désormais celui par lequel le pire peut à tout moment arriver. Sans négliger non plus l’empire du Milieu mais dans une autre registre.
A Leningrad en 1980, Poutine agent du KGB dérape et brise sa carrière pour une bagarre de rue. Son père a été grièvement blessé pendant la guerre. Il nait au début des années 50 et vit dans un univers violent. Pourtant il étudie l’allemand, fait du judo et rêve d’espionnage à l’étranger. Il propose très jeune ses services aux services de renseignements de Leningrad. La fac d’abord et têtu il fait du Droit persuadé qu’il sera approché. C’est le cas. En 1975 il rentre au KGB mais comme besogneux de service. Son patron dira de lui qu’il était nul. Il se retrouve à Dresde en 85, un rouage de plus. C’est l’ère Gorbatchev, l’ouverture et le KGB perd le contrôle. Mais en Allemagne de l’Est la Stasi résiste bien que la population se révolte. Le Mur tombe.
C’est un beau roman mais pas une belle histoire. Poutine, superman, se forgera une stature quand il sera au pouvoir, charmera les autres puissants, sait se tempérer au début comme un Lénine en 28 qui pactise avec le capitalisme, intérêts russes prioritaires. Bush se souciera peu de Poutine qui met en place un système pas nouveau chez lui, celui de la rapine. En 1999 quand il accède au pouvoir, c’est l’étonnement. Premier ministres depuis trois semaines, on pouvait dire merci à Eltsine qui choisit le à priori insignifiant Poutine. Là aussi Weiss raconte comment c’est l’occasion qui a fait le larron mais désormais indéboulonnable, écrasant ses ennemis et si possible les peuples voisins de la Russie. Une nostalgie folle de l’ex-URSS, la reconstituer, c’est sûrement un des clés mentales du Tsar Poutine propulsé vers des sommets dont il n’aurait pu que théoriquement rêver. Un bouquin remarquable qui à la fois explique et s’appuie sur des faits, dit aussi merci à Trump qui lui a fait un lit des USA. Acculé Poutine mais le monde saura-t-il le gérer ?
Tsar par accident, Mythes et mensonges de Vladimir Poutine, Rue de Sèvres, 22 €
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