Une réédition mais d’exception et totalement remise à neuf, enrichie, celle de l’album consacré à Billie Holiday par José Muñoz et Carlos Sampayo. On fête le centenaire de sa naissance. Billie Holiday reste un mythe pour tous ceux qui aiment le jazz. Billie Holiday, comme peut-être Fats Waller, a eu un destin à la fois de haine et de gloire dans une Amérique raciste, ségrégationniste. Sa voix est incomparable comme sa vie tourmentée et violente, sa mort jeune. Avant de se plonger dans les pages de Muñoz, il faut lire la préface de Francis Marmande. Ce romancier, dessinateur, universitaire, fou de jazz, a jonglé avec les mots, les a sculptés pour les plaquer sur une Billie Holiday qui revit au fil des phrases. Rarement une préface a eu autant de charme, de fougue et de passion.
Elle aura tout vécu, une enfance perdue, violée, abusée. La drogue, l’alcool, seule le jazz et sa voix la sauveront provisoirement. Elle est connue, célèbre mais aussi noire et sous le coup d’inculpations variées. Trente après sa mort un journaliste à qui on a confié de faire sa biographie remonte la piste Holiday. Pas de chance dans la vie, Billie Holiday. Des types s’en serviront, elle croira au bonheur et ne le trouvera jamais hormis dans la musique, dans les bands d’Ellington, Goodman. Autour d’elle tous les grands noms du jazz sur scène et même sur grand écran.
Billie Holiday, c’est une descente aux enfers permanente. Sa voix reste, son destin aurait pu être autre sauf qu’elle était fragile, perdue, triste, malmenée. Il faut l’écouter en feuilletant l’album où l’on croise aussi le chemin d’un certain Alack Sinner. Un dessin et une mise en page envoûtants, un découpage et des textes brillants font de ce Billie Holiday à la couverture enrichie d’or une pépite à garder précieusement.
Billie Holiday, Édition du centenaire, Casterman, 20 €
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