Pas toujours évident de passer du statut de grand enfant à celui d’adulte. Surtout quand on est dessinateur de BD en mal d’être édité. Amour, famille, boulot, un trentenaire mal barré Pierre sous la plume de Davy Mourier et le dessin de Héloïse Solt. Une tranche de vie pas vraiment sereine mais dans le compliqué. Un adolescent qui se cherche toujours à trente ans, il n’est pas le seul Pierre, question de générations peut-être. De la tendresse, de l’humour et des angles bien cadrés, aussi bien dans le texte que dans l’illustration. Un cas d’école.
Ce n’est pas tous les jours qu’on a le coup de foudre pour une contrôleuse de la SNCF. Pierre flashe sur Manon et réciproquement. Histoire d’amour ne dure pas qu’un jour. Pierre veut faire de la BD, a une mère collante et un copain qui a un contact. Un éditeur est d’accord pour les publier. Pierre n’a plus qu’à raconter sa vie. Et pourquoi pas vivre avec sa dulcinée, ça lui fera une base pour son histoire. Il craque, Pierre, et accepte de partager un appartement avec Manon. Mais est-elle la femme de sa vie ? En prime le père de Pierre décède. Après l’enterrement, Pierre retrouve des amis d’enfance dont Sandra, son premier amour. Ce qui lui permet de se souvenir de son adolescence pas très joyeuse avec son statut de meilleur ami des filles. Ce qui n’a pas beaucoup changé, lui qui ne boit pas, ne fume pas et ne sait pas où va le bus de sa vie. Il passe systématiquement à côté du bonheur.
Une tendance certaine à se planter Pierre, dit monsieur Caillou. Un compliqué des neurones qui va quand même faire des progrès. Enfin, on lui souhaite. Il met aussi parfois un mouchoir sur ses scrupules mais il a un bon fond. Traumatisé par son paternel, en fait. C’est bien étudié cet Âge de Pierre. Le trait est simple, clair, évocateur. Le récit se tient, une auto-fiction comme on dit que ne renie pas Davy Mourier, charmante et authentique car tout à fait dans l’air du temps.
L’Âge de Pierre, Delcourt, 17,95 €
Articles similaires